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Paris et son double - Paris avant Haussmann, Paris aujourd'hui
de Charles Marville et Rémy Castan
Ed. Nicolas Chaudun 2010 /  35 €- 229.25  ffr. / 174 pages
ISBN : 978-2-350-39096-3
FORMAT : 23,6cm x 29,8cm

Paris avant et après Haussmann

Voici un ouvrage qui manque quelque peu d’originalité mais qui peut néanmoins, par ses qualités, intéresser nombre de lecteurs. Le reproche, ou plutôt le constat du manque d’originalité, se dévoile dans le titre même du volume : mettre en face des vues prises par Charles Marville à la veille des destructions hausmanniennes l’aspect contemporain des mêmes lieux. Depuis Yvan Christ en passant par Patrice de Moncan, le procédé a été abondamment utilisé et force est de constater que la plupart des vues de Marville ont déjà été utilisées à cette fin, même si cela n’était pas systématique comme dans cet ouvrage.

Cependant, le livre présente une série de qualités qui méritent d’être soulignées. En premier lieu, l’iconographie soignée, bien mise en page, très correctement reproduite, aussi bien pour les clichés anciens que pour les vues contemporaines. On s’amuse toujours à pratiquer ce «jeu des sept erreurs» un peu particulier, à chercher ce qui est demeuré comme ce qui a changé ou disparu. Ce jeu, ou plutôt cette recherche, est aidé par les commentaires qui agrémentent chaque chapitre, un par quartier décrit, ceux du centre de Paris, et chaque paire de vues. De plus, un plan de Paris daté de 1853 permet de s'y promener avant que les travaux haussmanniens n’éventrent la ville médiévale. On aurait toutefois aimé, devant un sommaire de six entrées aussi… sommaire, une table détaillée ou un index pour retrouver plus facilement le lieu de son choix. De la même manière, on regrettera quelques erreurs de détail comme l’illustration de la quatrième de couverture qui représente le Petit Pont et non le Pont-au-Double.

L’auteur fournit dans son introduction un jugement équilibré sur l’œuvre du préfet de Napoléon III, soulignant la nécessité de remédier aux épidémies qui ravageaient régulièrement la capitale. Il n’omet pas de citer ses collaborateurs et techniciens, Alphand et Belgrand qui, pour les espaces verts et pour les eaux et les égouts, ont su créer une œuvre qui profite encore aux Parisiens actuels. Cependant, il n’hésite pas à qualifier durement la manie haussmannienne de la ligne droite et surtout de la tabula rasa, qui transforma sans raison convaincante la pittoresque Ile de la Cité en un désert agrémenté de bâtiments administratifs. On saluera par exemple à ce sujet la pertinence du jugement suivant : «Exclusivement monumentale, l’architecture haussmannienne laisse paraître ici toute son aridité, dès lors qu’elle n’est plus contrainte de dialoguer avec le tissu urbain préexistant».

On aura donc plaisir à se promener dans un Paris disparu, avec une certaine nostalgie pour ce qui n’est plus, et à redécouvrir des lieux historiques tels que la maison où Charlotte Corday assassina Marat ou le bel hospice des Enfants-Trouvés, chef d’œuvre de Boffrand, victime de la création du parvis de Notre-Dame…

Jean-Etienne Caire
( Mis en ligne le 20/12/2010 )
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