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Gérard Fromanger - Périodisation 1962-2012
de Anne Dary , Patrick Jourdan et Collectif
Textuel 2012 /  29 €- 189.95  ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-84597-448-7
FORMAT : 25,8 cm × 28,7 cm

Michel-Edouard Leclerc (Préfacier)

Peinture et photographie, art et politique.

Dédié à l’art contemporain, le Fonds Hélène & Édouard Leclerc s’est ouvert au public dans l’ancien couvent des Capucins à Landerneau (Finistère). Son directeur, Patrick Jourdan, conservateur en chef territorial du patrimoine, a inauguré ce nouveau lieu culturel par l’exposition «Gérard Fromanger : Périodisation 1962-2012». Dans cet espace de 1600 m², le scénographe Éric Morin a magnifiquement mis en valeur les 172 toiles et 42 pastels, toutes reproduites dans ce catalogue d’exposition, en retraçant les étapes de l’œuvre du pionnier de la Figuration narrative.

Spécialiste de ce mouvement et commissaire d’exposition, Anne Dary signe l’introduction intitulée ''Périodisation'', en hommage au titre du livre que le philosophe Gilles Deleuze (1925-1995) projetait d’écrire sur son ami Fromanger. Elle décrypte les scènes urbaines de séries telles que Boulevard des italiens (1971), Le Peintre et son modèle (1972), Annoncez la couleur (1973)… et démontre comment l’approche politique et citoyenne de Fromanger alimente une source d’inspiration sans cesse renouvelée dans son rapport au monde. Cette Nouvelle Peinture d'Histoire, «conjonction historique entre pensée et peinture» (Olivier Zahm), témoigne de l’évolution de nos sociétés soumises à l’emprise médiatique (série Questions - 1973), à la mondialisation (série Le désir est partout – 1974), à l’argent (Série Noire 2002-2003) ; par l’entrelacs de lignes qui recouvrent l’image, la série Bastilles – Dérives (2007-2009), est une métaphore de systèmes de réseaux qui nous lient.

Au chapitre ''Conversation à l’infini'', Hans Ulrich Obrist, historien de l’art et directeur des projets internationaux de la Serpentine Gallery à Londres, s’entretient avec Gérard Fromanger et aborde les différents aspects de son œuvre : collage, sculpture, photographie, cinéma, lithographie, sérigraphie, dessin et peinture. L’artiste, issu d’une longue lignée d’artistes, lui confie dessiner et peindre très naturellement depuis la petite enfance et ce, avec bonheur et fierté. Plus tard, nettement moins heureux à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris qu’il considère comme obsolète à l’époque, il en sort vite au bout d’un an et suit les cours du soir de la ville de Paris et ceux de l'Académie de la Grande Chaumière où le sculpteur César décèle son talent. Mai 68 suit et marque l’ancrage de son travail autour du thème des rues et des révolutions (album Le Rouge – 1968) ; politiquement engagé, fondateur de l'Atelier populaire des Beaux-arts, il se remémore cette époque militante, de la production de milliers d'affiches à l’installation de ses ovnis Place Blanche et Place Alésia (détruits la nuit-même par la police) en passant par les films-tracts réalisés par son ami Jean-Luc Godard (le passage sur sa rencontre avec Godard est savoureux !). En lieu et place des structures de formation inadaptées à sa créativité, c’est de l’amitié, dont il reconnaît qu’elle est sa véritable école, que Gérard Fromanger tire son enseignement le plus précieux : Jacques Prévert, Alberto et Diego Giacometti, Michel Foucault, Jean-Paul Sartre, Gilles Deleuze l’influencent et grâce à son ami Joris Ivens, cinéaste hollandais, il voyage en Chine dès 1974.

Cet ouvrage permet au lecteur de comprendre comment l’œuvre de Gérard Fromanger s’inscrit dans un rapport croisé de peinture et de photographie, d’art et de politique. En dialecticien des couleurs, il illumine et peuple ses toiles de silhouettes qui marquent son rapport à l’altérité, moteur de son inspiration. Par la couleur qui virevolte dans la composition, il a le pouvoir d’imposer le même personnage dans la même image en le transfigurant en héros des temps modernes (Jeune balayeur noir dans la série Le désir est partout – 1974). Dès lors, comment s’étonner que la révolution du Printemps arabe lui inspire un désir de peindre une série aussi puissante que La couleur dans tous ses états ?!…

Marie-Claude Bernard
( Mis en ligne le 01/10/2012 )
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