L'actualité du livre
Beaux arts / Beaux livreset Beaux livres & Catalogues  

Les Vingt arrondissements de Paris
de Léon-Paul Fargue
Parigramme 2017 /  19,90 €- 130.35  ffr. / 240 pages
ISBN : 978-2-37395-025-0
FORMAT : 24,2 cm × 26,4 cm

Paris, de 1 à 20…

Poète, écrivain, Léon-Paul Fargue (1876-1947) a aussi été un parisien amoureux de sa ville qu’il connaissait sur le bout des doigts et dans laquelle il aimait se promener. Ces Vingt arrondissements de Paris ont été édités après sa mort, en 1951, et leur dernière réédition datait de 2011 (éditions Fata Morgana). Autant dire que cette nouvelle édition, grand format, est bienvenue. D’autant que les éditions Parigramme ont eu l’excellente idée de l’illustrer d’une très riche iconographie en noir et blanc, qui complète avec bonheur ce texte qui parle de vie quotidienne, d’impressions brèves du «piéton de Paris», d’images saisies dans l’instant.

Léon-Paul Fargue balade son lecteur du 1er au 20ème arrondissements, curieux de tout, respectueux de l’identité de chacun. Passé et présent se rencontrent ; les photographies des années 1900 jouent sur le pittoresque, comme ces forts des Halles coiffés de leurs immenses chapeaux de cuir (1er), les catherinettes sur les Champs Élysées (8ème), les ouvriers des entrepôts de Bercy debout devant leurs tonneaux (12ème) ou encore les promeneurs élégants de l’avenue du bois de Boulogne (16ème) où se mêlent calèches et premières automobiles, et les piétons dans les contre-allées.

Toutefois, au-delà du pittoresque, c’est toute une société vivante que nous retrouvons : des cités ouvrières, un sabotier et ses apprentis dans une ruelle du quartier des Gobelins, le concert La Fauvette dans le même quartier, devenu aujourd’hui un cinéma d’art et d’essai. Dans le 8ème, le personnel de Maxim’s au garde à vous, tenues impeccables, attendant le riche client, tout comme le personnel du Grand Restaurant place de Clichy, ou encore les vendeurs d’une crèmerie rue du Faubourg du Temple. Marchands ambulants, chanteurs des rues, vendeurs au marché aux oiseaux et au marché aux fleurs, bouquinistes des quais de Seine, blanchisseuses, fiers-à-bras du lavoir du Roule, bus à impériale, bouches d’un métro tout neuf, ligne aérienne, automobiles, calèches, charrettes de tout genre, bicyclettes : chaque arrondissement semble agité d’un mouvement permanent… Un monde disparu, à la fois proche et lointain.

Léon-Paul Fargue connaît admirablement sa ville et il en aime chaque facette ; sous sa plume, chaque arrondissement découvre sa personnalité : «Le dix-septième est encore un de ces arrondissements où l’on descend vers le murmure et l’intensité». Le dix huitième : «Cet arrondissement qui est un peu l’œillet à la boutonnière de Paris, son crayon sur l’oreille et son chapeau en arrière, est également un miroir à deux faces. D’un côté le Mont-martre des chansons (…) et de l’autre des gares, des entrepôts, des usines, un pays de fer et de vacarme dont le rond-point de la Chapelle est le centre». Le 9ème : «Celui-là aussi est connu comme le loup blanc, et il a raison de ronronner dans le cœur de ceux qui aiment son fouillis, son air bon enfant, ses souvenirs familiers, sa noce et ses misères cachées». Le 7ème : «Il est au cœur de Paris une sorte de zone franche, une clairière qui ressemble à une tapisserie zébrée de gris, de beaux ocres, entre la Seine et le Mont-Parnasse». Etc.

Entre images et texte bien écrit, une promenade heureuse qui donne à voir et les changements et les permanences de Paris. Un livre qui a sa place dans toute bibliothèque d’amoureux de la ville. Une réussite qui vient compléter la collection ''Mémoires des rues'', les résumant en un seul album, de surcroît pour un prix modique.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 15/01/2018 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)