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Le Cinéma aujourd'hui
de Edward Buscombe
Phaidon 2004 /  69.95 €- 458.17  ffr. / 512 pages
ISBN : 0-7148-9416-8
FORMAT : 26x30 cm

Septième art, troisième époque

On ne se lasse pas de la qualité des ouvrages publiés par Phaidon Press tant la beauté de l’objet est souvent accompagnée d’un choix éditorial original et fouillé. Ici, loin d’un alignement de banalités sur le cinéma des années 1970-2000, c’est le point de vue d’un érudit en la matière qui est exposé. Directeur des publications au British Film Institute, Edward Buscombe offre ainsi un panorama superbe et saisissant de trente ans d’histoire qui ont fait notre modernité cinématographique.

Car l’entreprise tire toute sa légitimité de notre époque, charnière à bien des égards. Ces trois décennies constituent pour l’auteur un troisième âge du cinéma, passée une première phase de fondation et un second temps, celui de la domination hollywoodienne, alors que semble débuter aujourd’hui une nouvelle révolution marquée par l’avènement du numérique (bouleversant tant la création que la distribution des œuvres).
Avec les années soixante-dix, apparaissent non seulement une nouvelle génération de cinéastes (Scorsese, Kubrick, Spielberg, Coppola et tant d’autres), porteuse de nouveaux messages et d’un savoir-faire inédit, mais aussi des techniques et des procédés commerciaux révolutionnaires, nécessaires à une réinvention du septième art, alors contesté par l’ascension télévisuelle : débute le temps des blockbusters

C’est d’ailleurs à cette renaissance qu’est consacré le premier chapitre de l’ouvrage, qui poursuit par un alignement thématique ce panorama du cinéma américain avant de basculer sur des chapitres géographiques. On ne s’étonnera pas de l’importance prise par le cinéma d’outre-atlantique, compte tenu de l’importance de celui-ci dans les flux culturels et commerciaux mondiaux. Non qu’il faille voir là une hégémonie à l’agressivité commerciale néanmoins avérée, mais, comme le souligne l’auteur, une caractéristique d’un cinéma qui, non seulement, «a internationalisé ses préoccupations nationales», mais surtout, demeure porteur de références et de valeurs mondialement partagées. Les grands thèmes parcourus sont le cinéma d’action, la science-fiction, l’horreur, la comédie, les classiques revisités (péplums, westerns, comédies musicales, dessins animés), les films d’auteurs et indépendants, l’érotisme, pour finir par trois chapitres consacrés aux minorités : les femmes, le cinéma gay et lesbien, et les minorités ethniques.

Notons d’ailleurs que ces chapitres spécifiquement américano-centrés, ne font pas l’économie des références internationales, mentionnant, quand besoin est, des œuvres d’autres pays. Citons Breillat et Pasolini en exemple, pour la section consacrée à l’érotisme. La deuxième moitié de l’ouvrage est vouée aux aires mondiales offrant une identité cinématographique : de Europe de l’Ouest (avec plusieurs paragraphes par pays), à l’Afrique du Sud, en passant par l’extrême Orient, l’Afrique, sans oublier Bollywood.

L’auteur fait montre d’une érudition exemplaire, même si tributaire surtout d’une bibliographie anglo-saxonne, enrichissant ces présentations d’analyses souvent percutantes, parfois altières. Cette connaissance du cinéma mondial est avérée par un appareil critique utile : une chronologie, une bibliographie et les filmographies des principaux réalisateurs, un index enfin (indispensable compte tenu de la taille du livre). Plus de 700 illustrations (affiches, photos de tournages, photogrammes) mettent en valeur l’ensemble qui bénéficie en outre d’une maquette superbe, faites de photos en doubles pages, de fiches techniques consacrés à quelques films emblématiques des genres décrits (Les Dents de la mer, Boys don’t cry, Taxi Driver, Dernier Tango à Paris, etc.), et de citations cultes (Eyes Wide Shut, Pulp Fiction, Le Parrain…).
Un seul bémol : l’impasse faite sur le cinéma d’animation, marqué par deux faits marquants, contestant l’hégémonie disneyenne appartenant, semble-t-il, au deuxième âge hollywoodien : la révolution des films d’animation en 3D et l’ouverture à un cinéma asiatique qui, en la matière, semble inépuisable et un considérable vivier d’idées pour le cinéma dans sa totalité : Otomo, Miyazaki, Oshi ou Takahata avaient leur place dans le panthéon des maîtres contemporains du septième art…

Si l’ouvrage paraîtra peut-être trop grand public pour le spécialiste, il constituera en revanche une somme de référence pour le simple cinéphile pouvant venir y puiser quelques informations ou, tout simplement, se perdre dans les photos, au fil des pages. Une très bonne idée cadeau donc !

Thomas Roman
( Mis en ligne le 13/12/2004 )
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