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Fontaines de Rome
de Frederick Cope et Maurizia Tazartes
Citadelles & Mazenod 2004 /  49 €- 320.95  ffr. / 208 pages
ISBN : 2-85088-200-3
FORMAT : 26 x 30 cm

La beauté est dans la rue !

Qu’ont de particulier les fontaines de Rome pour que les nobles éditions Citadelles et Mazenod leur consacrent un ouvrage entier ? De l’Urbs républicaine à la Rome d’aujourd’hui, en passant par la capitale impériale et pontificale, tout au long de son histoire, la ville a célébré l’eau à travers ses monuments aquatiques. Déjà dans l’Antiquité, Rome comptait plus de deux mille fontaines ! Dès le IVe siècle avant J.C., les aqueducs ont alimenté la capitale en eau potable. Qu’ils portent les noms des empereurs commanditaires (aqua Claudia, aqua Trajana) ou qu’ils s’attachent à des symboles, tels l’aqua Virgo ou Virgine, qui doit son nom à la pureté de l’eau qu’il conduisait, les aqueducs ont suscité l’admiration de tous. Frontin, curator aquorum des empereurs Nerva et Trajan au IIe siècle, décrit des aqueducs hauts comme des pyramides et une eau jaillissant de centaines de bassins et de fontaines aménagés. Plus tard, au VIe siècle, Comodore, conseiller du roi Théodoric insiste : «Dans les aqueducs, non seulement l’exploit technique de leur construction est remarquable, mais aussi l’exceptionnelle salubrité de l’eau.» Cette eau courante, abondante et claire est une véritable richesse pour la Rome antique, et la ville a soin de la magnifier.

Puis, à la Renaissance, les systèmes d’adduction se modernisent, de nouveaux systèmes hydrauliques sont aménagés et les points d’eau se multiplient encore dans la ville. Au cours des siècles, ils sont de véritables supports d’expression pour les artistes. Fontaines, nymphées, bassins sont autant de décorums grandioses, richement sculptés, ornés de colonnes de marbre et de statues de bronze. Les chefs-d’œuvre du Bernin témoignent qu’à Rome, les fontaines ne sont pas du «petit patrimoine» ! L’art est là, comme un écrin minéral qui montre l’eau et la protège. Cette minéralité transparaît d’ailleurs au fil des pages ; la pierre est mise à l’honneur dans toutes les photographies du livre, très nombreuses. Leur grand format, leurs couleurs éclatantes mettent en lumière les aspérités de la roche, son usure, ses creux et ses reliefs sculptés. Des dieux nous regardent, des animaux nous sourient, des hommes et des femmes nous ouvrent leurs bras.

Page après page, l’envie de toucher, de caresser la pierre se fait de plus en plus grande. On l’imagine rugueuse et chaude du soleil qu’elle absorbe. Le photographe anglais Frederick Cope, qui vit à Rome depuis de nombreuses années, réalise ici un reportage merveilleux qui invite le lecteur à la rêverie. Notre imagination, nourrie des textes de l’historienne de l’art Maurizia Tazartes, qui retracent avec précision et richesse l’histoire de ces fontaines, se promène dans Rome, suit la carte des fontaines (p.205) comme une carte aux trésors, et s’échappe finalement dans ses propres histoires.

Qu’ont de particulier les fontaines de Rome ? Leur nombre, leur histoire, leur richesse, leur beauté… leur puissance évocatrice.

Marie Cadou
( Mis en ligne le 07/03/2005 )
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