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Revoir le jardin de Jeannette
de Marc Ayrault et Dominique Louise Pélegrin
Augustin 2004 /  89 €- 582.95  ffr.
ISBN : 2-9071-7931-4
FORMAT : 30x40 cm

Fleurs de feu…

Pour qui a eu l’opportunité de visiter l’exposition des photos de Marc Ayrault au printemps 2004 à Paris, ce portfolio, tiré à 1000 exemplaires, est une bonne nouvelle. Pour les autres, une découverte à ne pas manquer. Certes, le prix en est onéreux (89 €) mais la dépense vaut l’acquisition d’un si bel objet et d’images rares à la beauté non moins exceptionnelle… Car l’on a ici tout à la fois un beau livre, composé de quarante clichés sur un support d’une très grande qualité, et un livret aux textes charmants, par Dominique Louise Pélegrin, journaliste à Télérama.

Quarante clichés dont chacun susurre une histoire. Le photographe accentue les couleurs, jusqu’à quasi-saturation, s’amuse avec la mise au point, jongle avec les flous. Beauté poétique de la macro qui fait oublier le végétal et suggère d’autres beautés, animales, organiques, minérales, splendeurs d’autres mondes. La peau tigrée d’une feuille, les arêtes offensives d’une feuille de houx, comme la silhouette d’un monstre jurassique, d’une salamandre aux contours venimeux. Ballets de pétales et d’étamines, d’épines et de pistils, concert des hampes et des feuilles, certaines rondes et joufflues, d’autre effilées et altières… Le surgissement tellurique de deux épines de rosier. Flou provoqué, forcé sur certaines surfaces, certains contours, comme pour suggérer un mouvement, diluer la matière dans un flux aquatique ou aérien.

Des ambiances chaudes et sanguines, d’autres plus froides, dans les tons bleus et verts, certains clichés pastel. La photo formant la couverture de l’ouvrage est l’alignement de goûtes de rosée sur ce que l’on devine comme étant les pétales d’une tulipe, peut-être ceux d’une rose ébaubie, chapelet liquide… Rosaire, le mot s’impose. Aller si près du réel provoque en retour l’abstraction. Certains clichés accentuent le flou jusqu’à créer des formes vagues, quasi-illusoires, beautés de spectres, disons lynchéiennes… On aimera vraiment se perdre dans cette lumineuse planète microcosmique. Chaque tirage est d’une très grande qualité. Au format 30x40 cm, les prises sont figées sur un papier épais et verni, superbes. Autant d’occasion d’échappées belles du portfolio vers les murs d’un salon, d’une chambre, d’un bureau, où les prises revêtiront une dimension supplémentaire. On conseille un détour par le magnifique site du photographe, où ces œuvres, et d’autres encore, sont visibles.

Le livret accompagnant ces images chante d’une plume nostalgique et inspirée ces beautés du jardin. Ici, retour au réel, aux souvenirs d’enfance, matière à méditation pour l’adulte mangé par la ville. «Dans le jardin on retourne ses pensées, on les étend au râteau». Dominique Louise Pélegrin sait suggérer la beauté mouvante d’un jardin, sans aigreur passéiste mais le juste reliquat mémoriel, temps qui passe et laisse comme un goût douçâtre. «Peut-être que le regret a commencé avant même que les jardins n’existent. Il est là immémorial.»

Photos et mots acoquinés dans ce beau coffret rouge donnent les clés d’une jouissive escapade. «Le jardin comme croisière», en somme…

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 10/10/2005 )
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