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Les Plus beaux sommets du monde
de Alessandro Gogna et Betty Marillat
Arthaud 2006 /  40 €- 262  ffr. / 300 pages
ISBN : 2-7003-9672-3
FORMAT : 27,0cm x 29,5cm

Vertigineux

Le titre de l’ouvrage annonce un exposé très subjectif, qui tiendrait plus compte de l’esthétique que de l’altitude (paramètre indéniablement essentiel dans l’appréciation des sommets). Quels sont donc ces «plus beaux sommets» ? Les collines écossaises, toute en rondeurs verdoyantes, ou les pics rocheux des massifs himalayens ? Alessandro Cogna n’est pas un randonneur, c’est un alpiniste. Il a donc été sensible à la hauteur, mais pas seulement : «les cent plus hautes montagnes du monde» côtoient donc ici quelques bijoux géologiques, impressionnants plus qu’élevés.

Qui a vu El Capitan, au Yosemite Parc (Etats-Unis), comprend par exemple que l’auteur lui ait réservé une place de choix, malgré ses tout «modestes» 2 305 m de granit. Certaines de ces montagnes fascinent parce qu’elles portent une marque que l’on pourrait considérer comme divine, parce qu’elles délimitent des nations ou encore portent dans leur chair la trace de l’histoire. On se souvient de la traversée des Alpes par Hannibal dans Tite-Live ou, à l’inverse, de la lente progression des marchands voyageurs hollandais sur la route de la soie, au cœur du Kirghizstan.

Alessandro Cogna, qui compte 150 ascensions alpines, 3 expéditions dans l’Himalaya et le Karakorum (Annapurna, Lhoste et K2), est aussi connu pour ses talents de photographe. Sa fine connaissance des massifs et la grande qualité des images qu’il a prises lui-même lors de ses expéditions participent à l’intérêt de l’ouvrage. Chaque double page se déplie pour mettre en valeur les photographies des montagnes et l’exposé historique des différentes ascensions, sur une ligne du temps qui montre de manière synthétique que la conquête des hauteurs est récente, et réservée à quelques-uns. On regrette d’ailleurs de ne pas voir un Français dans la liste des «alpinistes qui ont escaladé les quatorze 8 000 m» mais on pense aussi à ces alpinistes qui ne sont plus (tel Jean-Marc Boivin, que les varappeurs dijonnais croisaient sur les roches de Fixin), et plus généralement à tous ceux que les montagnes ont engloutis.

Le plus appréciable : la juste description de la nature, Les Plus beaux sommets du monde, c’est avant tout la passion d’un homme pour la beauté et la force de notre terre. Chaque massif est décrit en alpiniste mais aussi en géologue, de telle sorte qu’on perçoit l’extraordinaire alchimie du monde. Voilà en tout cas un bien beau cadeau de Noël, pour qui se pique d’alpinisme ou, tout simplement, pour qui aime la splendeur du monde qui est le nôtre.

Rachel Lauthelier-Mourier
( Mis en ligne le 06/12/2006 )
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