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Sex to Sexty - The most vulgar magazine ever made!
de Dian Hanson et Mike Kelley
Taschen 2008 /  29.99 €- 196.43  ffr. / 419 pages
ISBN : 978-3-8228-5223-1
FORMAT : 22,0cm x 29,0cm

Vous avez dit tabous ?

A une époque où l’extrême en tout rejoint comme par un étrange mécanisme l’extrême inverse (l’excès de luxe crée la ringardise et tout style négligé est très tendance), on ne peut que crier au génie et au très très très tendance en parcourant ce summum du mauvais goût et du trash qu’est le magazine Sex to sexty ! Qui plus est si un éditeur faiseur de mode s’y est compromis en lui donnant, de fait, quelques lettres de noblesse.

Sex to Sexty (jeu de mots sur l’expression américain six to sixty, l’équivalent de notre «de 7 à 77 ans») est une revue porno-humoristique américaine des années 60 à 80 : entre les débuts de la révolution sexuelle et ceux de la bien-pensance puritaine reagano-libéro-etc, si vous voulez. Un magazine ayant pour cœur de cible l’homme très mâle du Midwest, le fermier lubrique, le workman un brin inculte… mais aussi, même s’ils s’en défendent, quelques cadres intellos new-yorkais. Des dessins, un humour sans nuance, une culture du calembour pompier et un va-tout pornographique faisant feu de tout tabou. Bref, ce serait aujourd'hui totalement impubliable !

Le magazine vit le jour dans le Texas, via la firme SRI Publishing Compagny et Pierre Davis et devint rapidement l’incontournable directeur artistique, une sorte de «Norman Rockwell désinhibé», lit-on dans les articles introductifs de l’ouvrage. Celui-ci est né de la rencontre d’une éditrice, Dian Hanson, responsable chez Taschen des «sex books» et d’un artiste, Mike Kelley, qui signe ici l’avant-propos. C’est à lui que l’on doit cette renaissance de l’innommable revue, car il en utilisa quelques visuels dans certaines de ses toiles.

Pour le reste, c’est grossier, rural, lubrique, dionysiaque, scatologique, sale, cochon, d’ailleurs souvent zoophile, raciste pour rire, mais aussi curieux, parfois drôle, avouons-le, et, disions-nous en préambule, en passe de devenir incontournable, pour toute bibliothèque urbaine/branchée/aware, quelque part entre le magazine Wallpaper et une monographie sur un designer lambda.

Les 198 couvertures du magazine sont ici reproduites – certaines, très graphiques et psychédéliques, sont superbes ! (voir le premier chapitre «Flower power»)-, en plus de nombreux dessins humoristiques par divers illustrateurs. Attention à l’overdose : c’est à consommer avec modération ! L’ensemble est classé en différents thèmes : la diversité ethnique (chap. 2), jouons au docteur (chap. 8), bizarreries anatomiques (chap. 10), Auto-érostisme (chap. 20)… Attention cependant, les vignettes humoristiques sont toujours accompagnées de leur texte original en anglais, pas de traduction ici.

Exemples : un satyre attend de se faire traire par la fermière, caché parmi des chèvres dans l’étable… Une vache en plein gang-bang avec les sept nains… Certaines pages, notamment celles riant sur l’inceste, montrent à quel point les temps ont changé. Elles sont aujourd’hui franchement dérangeantes.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 31/03/2008 )
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