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Jardins de Provence
de Louisa Jones et Vincent Motte
Flammarion 2001 /  33.59 €- 220.01  ffr. / 200 pages
ISBN : 2-08-200492-9

Un patrimoine méconnu

Prendre ce livre en main, c'est immédiatement sentir le parfum des lavandes ou celui, enivrant et fort, des herbes aromatiques de la garrigue. Commencer à le feuilleter, c'est être séduit par la beauté des photos et croire avoir affaire à quelque compilation habile, réalisée à partir des plus beaux reportages de revues spécialisées dans la maison ou le jardin. Bref, du séduisant, mais du superficiel.

Que l'on se détrompe. Il suffit pour cela de se plonger dans le texte de Louisa Jones. Cette universitaire, canadienne anglaise qui vit depuis plus de trente ans dans le Midi de la France, se trouve être aussi une jardinière passionnée. D'où son étonnement de constater que si le paysage de Provence était justement et dûment célébré, il n'en n'allait pas tout à fait de même des jardins de la région. Elle en a donc entrepris un recensement et surtout a étudié le concept du jardin provençal. Convoquant l'art, l'histoire, la botanique, la littérature, étudiant la topographie, l'agriculture, les us et les coutumes locales, elle tente de cerner ce qui fait la spécificité de ces jardins.

L'auteur développe en particulier une opinion très intéressante sur les rapports qu'ils entretiennent avec le paysage : "les géométries du paysage agricole affectent les jardins provençaux de multiples manières". Par delà lavandes, cyprès, oliviers et vieilles pierres, elle en recense les principaux éléments, en quelque sorte la grammaire et le vocabulaire, démontrant à quel point ici "plaisir et profit sont inséparables".

Découvrant aussi, loin des lieux communs et des stéréotypes, l'étonnante variété de ces jardins, Louisa Jones nous fait visiter les "jardins de poche" des vieux villages escarpés, mais aussi les jardins plus connus des propriétés appartenant aux grandes familles implantées depuis toujours ou aux célébrités venues s'installer ici. Elle étudie les apports respectifs des autochtones et des étrangers à la région, les innovations de ces derniers, parfois convaincantes, parfois moins lorsqu'ils cherchent "à cultiver des lotentiques" (Pagnol, dans Jean de Florette) !

Très documenté et riche, le texte est par moments un peu dense, d'autant que sa lecture n'est pas facilitée par une typographie belle mais fine. Il est heureusement éclairé par les photographies somptueuses de Vincent Motte qui enchantent et étayent idées et descriptions.

Un répertoire de jardins, pépinières et foires aux plantes, une carte, un index des noms de plantes (français/latin) et une bibliographie achèvent de donner un caractère de référence à ce bel ouvrage qui donne envie de découvrir au plus vite ce patrimoine sous-estimé.


Florence Trocmé
( Mis en ligne le 13/07/2001 )
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