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Pocheset Littérature  

Les Veilleurs
de Vincent Message
Seuil - Points 2010 /  8,80 €- 57.64  ffr. / 760 pages
ISBN : 978-2-7578-1961-6
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en août 2009 (Seuil)

L'Histoire sans fin

620 pages, 26 ans : ça impressionne. D'autant que l'imaginaire déployé ici a de quoi couper la chique, tout comme la structure romanesque et, dernier éloge, le style, d'une maîtrise évidente. Bravo, jeune homme ! Mais où ranger ce juvénile pavé ? On a mal à sa bibliothèque après avoir lu Les Veilleurs tellement tant de trop ! Polar hyperbolique à la Dantec, récit au suspense façon Grangé mais en plus ambitieux, avec un infratexte qui en a dans la caboche, des intentions psycho-philosopho-écolo-ontologiques (pas moins), le premier roman de Vincent Message fera se demander au lecteur, épuisé par la lecture, si un second opus et une œuvre à la suite seront possibles, tant notre auteur semble ici avoir déjà tout dit.

Un roman à tiroir, roman fleuve, comme un feu d'artifice des lettres dont le détonateur serait un simple fait divers : l'assassinat dans les rues de Regson de trois quidam par un quatrième. Ce dernier se nomme Nexus et souffre d'un mal étrange : amnésique, il se souvient dans le détail de sa vie onirique, une alter-existence passée lors de longues heures de sommeil... Le monde en question se nomme Seabra et Nexus joue un rôle essentiel dans sa destinée : menacé par un désastre écologique, l'avancée du désert, ce Neverland pas si lointain de notre monde est à la veille d'une guerre civile gigantesque. Côtoyant les grands généraux et leaders de cette histoire, Nexus doit-il tuer dans notre ici-bas les trois victimes sus-dites pour obéir à une étrange concordance des espaces-temps ? Un flic, Rilviero, un peu nase dans sa vie, et un psy mégalo, Traumfreund, mènent l'enquête dans les alpages, l'Aneph, centre psychiatrique dernier cri, où Nexus devra leur livrer les secrets de sa seconde existence...

Enquête et thérapie s'associent pour explorer cette «Mare nocturnum». Le roman, dont on doit redire l'ampleur, alterne les chapitres dans notre ici-bas, une clinique façonnée par un architecte fou, et cet ailleurs, délire né de la «Pseudologia Phantastica» de Nexus, pathologie dont l'adoube Traumfreund...

Un édifice étrange, révélant mal les intentions de l'auteur – au patronyme pourtant très évocateur - qui aurait pu élaguer, ici et là, pour parfaire son œuvre. Car on ressort tout à la foi vidé et dubitatif de la lecture de ce roman dont les enseignements sortent étouffés de leur propre entremêlement. Une leçon sur le manque d'imagination dans notre société, petit matérialisme dont Rilviero et Traumfreund portent les cuisants stigmates. Nexus, passerelle entre les deux mondes, aurait-il alors la solution avec cette onirique – mais aussi cauchemardesque – échappée belle ?...

Thomas Roman
( Mis en ligne le 17/09/2010 )
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