L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

Le Grand Exil
de Franck Pavloff
Le Livre de Poche 2012 /  6,10 €- 39.96  ffr. / 185 pages
ISBN : 978-2-253-16434-0
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 2009 (Albin Michel)

Roman volcan

La plume de Franck Pavloff est un souffle et chacun de ses romans des rendez-vous assurés avec la littérature, pour faire le plein, engrosser nos méninges d’un peu plus d’imaginaire, titiller les folles fées qui dorment trop souvent en nous. Une plume éperon en somme, pour un plaisir surtout pas masochiste. Lire Pavloff, ça fait du bien et c’est donc très bon.

Il n’y aurait pourtant pas grand chose à dire sur Le Grand exil : quelques personnages, une intrigue infime. Le roman est d’ailleurs vite lu, lu comme on hallucine. Mais quel plaisir ! Et quel voyage surtout ! Magicien des mots, dont il sait quels puissants véhicules ils sont pour notre imagination, nos affects et nos cogitations intérieures… Tout cela… Des mots metteurs en scène, peignant d’un coup de plume tout un univers, aussi complet que le style est concis. Comment fait-il ? Lu en deux heures, le roman donne pourtant l’impression d’une autre densité…

Unité de temps et de lieu : l’Equateur, la ville de Banos de Agua Santa et quelques journées au pieds d’un volcan qu’on pense éteint, grand-père dans son sommeil d’éternité… Qui pourrait bien n’être qu’une sieste. L’intrigue est là, la vraie : le Tungurahua est-il en train de se réveiller ?… Sur ses flancs, s’épanouissent d’autres récits, tenus par une poignée de personnages…

Tchaka, le mystérieux Tchaka, est une sorte d’ermite/métayer, récemment embauché dans la propriété d’un grand propriétaire latifundiaire, seigneur local aussi charismatique que redouté, éleveur hors pair de chevaux. Là, Tchaka fait preuve de ses dons botaniques, une empathie avec dame nature qui lui fait deviner mieux que quiconque les rêves agités de la montagne de feu… Tchaka jouera le rôle de Cassandre.

Autre histoire, celle de Lucia la mexicaine, qui s’est investie d’une mission capitale : court-circuiter les réseaux criminels de transfert des émigrants latino-américains vers le nord, toute une population spoliée, volée, abusée par ceux qu’on appelle les «coyotes» ; ces innocents, elle entend les acheminer par-delà les frontières gratuitement et… à dos d’ULM… Elle est aidée pour cela de Selmo le métisse, homme de la mer rêvant d’y croiser un jour une baleine aux flancs rayés et argentés, la «Rayada» : il doit en attendant trouver à Lucia son moteur d’avion/papillon de liberté… Et le volcan continue d’inquiéter Tchaka…

Une épopée de peu de mots mais quelle aventure !

Thomas Roman
( Mis en ligne le 04/04/2012 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)