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Pocheset Littérature  

Le Voyage d'hiver
de Amélie Nothomb
Le Livre de Poche 2011 /  5 €- 32.75  ffr. / 116 pages
ISBN : 978-2-253-16015-1
FORMAT : 11cm x 18 cm

Première publication en août 2009 (Albin Michel)

Mushrooms are a girl's best friend

Vous pensiez qu'on n'en parlerait pas ? Qu'on snoberait la douairière de la RL ? Qu'on ne se serait pas bu le dernier Nothomb (aujourd'hui en poche, dans l'attente du tout prochain) ? Allons !...

Premier constat, physique : avec une centaine de pages, une typo «premières lectures» et des chapitres anorexiques, ce dernier fruit nothombien, comme ses prédécesseurs, commence par agacer. On sait dès la couverture que la dernière page est imminente. Il ne faut pas une heure pour le consommer.

Second constat, stylistique : on a malgré tout un roman, convainquant une fois de plus son lecteur que quantité et qualité ne sont pas siamoises et que l'on peut très bien submerger ce dernier en peu de temps. On comprend même que cette parcimonie cache moins une avarice qu'un travail patient et méticuleux. Pesant ses mots, attentive à sa musique (et de fait, Nothomb, c'est avant tout une voix, un son, une mélopée gentiment décalée), soucieuse de ses effets, Amélie respecte son travail et son lecteur. Elle le dit même dans son roman, dans une légère incursion sur son propre travail d'écriture.

Troisième constat, narratif : l'histoire est sympathique. Celle d'un terroriste, sur le point de crasher un Boeing dans l'acier de la dame de fer, non par fanatisme politique ou religieux, mais par amour, tout simplement. En percutant la fameuse tour parisienne, Zoïle (!) entend montrer son amour à Astrolabe (!!) qu'il rencontra, agent EDF de son état, dans son appartement frigorifique, taudis qu'elle partage avec Aliénor (!!!) une auteure aux œuvres aussi fascinantes que son caractère est calamiteux : autiste, débile, en un mot «neu-neu» (une nouvelle peinture de l'écrivain en animal – plus ou moins – domestique, assurément sociopathe). Difficile de déployer les sentiments les plus nobles avec pareille promiscuité : pour pouvoir enfin consommer son désir pour Astrolabe, Zoïle met miss neu-neu en pause en offrant une tournée générale de psychotropes à force champignons. C'est d'ailleurs soumis à son hallucination que Zoïle eut l'idée de l'attentat.

Bilan : contrasté pour les raisons susdites. Vite lu, bien lu, le roman se lit trop vite et trop bien. On reste donc sur sa faim. Et si Mlle. Nothomb nous surprenait l'an prochain en sautant une rentrée littéraire (bigre !) pour nous proposer l'année suivante un roman tout aussi nothombien mais peut-être plus dense ?! On connaît beaucoup de gourmands qui sauraient volontiers prendre leur mal en patience... Mais on sait déjà que ça ne sera pas le cas : Tuer le père, 180 pages, sortira dans un mois...

Thomas Roman
( Mis en ligne le 25/07/2011 )
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