Poches
Littérature de Mathias Enard
Actes Sud - Babel 2014 / 9 €- 58.95 ffr. / 176 pages
ISBN : 978-2-330-03742-0
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en août 2010 (Actes Sud)
La poésie de l'Orient
Ce qui envoûte immédiatement dans ce roman, c’est la finesse de l’écrit ; les phrases sont ciselées avec des mots recherchés et des tournures élégantes, les sentiments sont étudiés avec justesse mais restent voilés comme pour ne pas bousculer le lecteur. Il y a dans cette approche un côté moyen-oriental de pudeur et d’effleurement.
Le Moyen-Orient est en effet un des centres d’intérêt de ce roman mais on ne sait ce qui est prépondérant, de Constantinople ou de Michel-Ange, le sujet étant le séjour de l'artiste pour concevoir, à la demande du Sultan Bajazet, un pont sur la Corne d’or, vaste estuaire se jetant dans le Bosphore et séparant Constantinople en deux. Michel-Ange a quitté Florence sur un coup de tête ; ses rapports avec le pape Jules II se sont dégradés, l’offre du Sultan arrive à point nommé ; il prend la relève de Léonard de Vinci pour réaliser la même commande restée inachevée. Parviendra-t-il à surpasser son illustre prédécesseur et à rejoindre Florence dont il a la nostalgie, ou se laissera-t-il séduire par les charmes multiples de l’Orient ?
A partir d’un fait réel, Mathias Enard brode une jolie histoire toute en conjectures, il parle avec minutie de l’art, de sa difficulté, de sa projection à travers les siècles, sans oublier l’impossibilité à cette époque de développer la créativité sans le recours aux politiques, les grands hommes d’autrefois étant les mêmes qu’aujourd’hui, avec leurs soucis de puissance et leurs exigences d’obéissance.
On se laisse porter par les mots délicatement alignés, la poésie de l’Orient opère et le roman se lit avec douceur, voire paresse, une oasis de calme et de sérénité dans nos vies quelquefois trop trépidantes.
Dany Venayre
( Mis en ligne le 24/12/2014 )
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