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Pocheset Littérature  

La Poursuite du bonheur
de Douglas Kennedy
Pocket 2003 /  7.40 €- 48.47  ffr. / 773 pages
ISBN : 2-266-12514-1
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en septembre 2001 (Belfond).

Traduction de Bernard Cohen.


Résurgence du passé

Quelle meilleure occasion que des funérailles pour ressusciter le passé, ranimer des différends familiaux, s’attarder sur les "trop tard", les "pourquoi" ? Tandis que le cercueil de Dorothy Malone disparaît sous terre, c’est tout un pan de son histoire qui s’apprête à resurgir sous les yeux de sa fille Kate, à la faveur d’une longue silhouette sombre, droite et discrète, qu’elle aperçoit dans l’assistance.

D’abord quelques appels téléphoniques, puis un album photo, enfin un long manuscrit rédigé à la première personne que lui cède l’inconnue, une certaine Sara Smythe… Kate va découvrir du même coup qui était son père, Jack Malone, mort alors qu’elle n’avait que dix-huit mois, et qui est Sara Smythe. Au "je" de Kate se substitue alors celui de Sara, pour narrer une histoire d’amour à la fois extraordinaire par son intensité et banale par les événements tragiques qui l’ont nourrie. Dès les premiers mots du roman – ce fameux premier regard, cet "Il était une fois…" des histoires d’amour – on peut dire que tous les ingrédients du mélodrame sentimental sont convoqués, depuis la passion d’une nuit avec un militaire qui doit rejoindre son affectation au matin, jusqu’au mariage catastrophe assorti d’une cauchemardesque belle-mère et d’une fausse couche entraînant la stérilité. Et puis, il y a le frère bohème adoré trahi par l’homme passionnément aimé, les dépressions nerveuses…

Pourtant, La Poursuite du bonheur est un roman fort qui happe le lecteur du début à la fin. Cela tient sans doute au contexte historique de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la répression maccarthyste. Mais surtout, l’auteur a su éviter l’écueil de la mièvrerie grâce à son écriture directe, dépourvue de toute fioriture stylistique, et créer des personnages héroïques et ambivalents, auxquels le lecteur s’identifie aisément. Si les protagonistes s’abstiennent de se lamenter sur les "coups du sort" ou de s’abandonner à d’interminables introspections, l’émotion imprègne néanmoins tout le récit ; une émotion d’autant plus forte qu’elle est contenue.

A travers l’empathie suscitée par ses personnages, l’auteur amène le lecteur à réfléchir sur le devoir, la responsabilité, sur la notion de destin surtout qui, dans La Poursuite du bonheur, semble se définir comme la somme des choix effectués face aux circonstances. De questions en réflexions, la vie, en définitive, s’inscrit de bout en bout dans les méandres d’un immense point d’interrogation.

Isabelle Roche
( Mis en ligne le 03/06/2003 )
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