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Pocheset Littérature  

Chroniques de l'asphalte - Tome 3
de Samuel Benchetrit
Pocket 2015 /  6,80 €- 44.54  ffr. / 216 pages
ISBN :  978-2-266-25361-1
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en octobre 2010 (Grasset)

L’auteur du compte rendu : Docteur en Littérature française, professeur certifié en Lettres Modernes, Arnaud Genon enseigne à Casablanca. Visiting scholar de ReFrance (Nottingham Trent University), auteur de Hervé Guibert, vers une esthétique postmoderne (L’Harmattan, 2007), il a cofondé les sites herveguibert.net et autofiction.org.


Les amours de la bande à Bench

Samuel Benchetrit nous avait séduits avec les deux premiers volets de son projet autofictionnel qui consiste, rappelons-le, «à raconter, en cinq livres, les trente premières années de sa vie». L’éditeur, sur la quatrième de couverture du premier d’entre eux, notait, pour donner le ton, que l’auteur «aurait pu attendre d'avoir soixante ans pour faire le point. Il n’avait pas envie»… Ainsi, après avoir relaté son «Enfance» (tome 1), après avoir raconté «L’arrivée à Paris» (tome 2), Samuel Benchetrit se penche dans le présent volume sur «L’amour» tel qu’il se vivait dans «le quartier» du narrateur, en «un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître», comme disait la chanson. Et ici, le charme opère toujours.

Les quatorze textes que renferment ces «chroniques» se lisent comme des nouvelles indépendantes. Mais chacune forme avec les autres un ensemble indissociable dans la mesure où circulent les mêmes personnages, le même humour, la même langue orale si bien écrite qu’elle sonne, qu’elle claque, qu’elle s’entend.

On rencontrera dans ce troisième épisode de la vie du narrateur, entre autres figures attachantes et pour ne citer que les premières, Tony, dont le surnom, «Toutoune», devient tour à tour la cause de la perte d’un amour et celui de son retour, Véronique Palméda dont le bovarysme consiste à confondre la vie avec un épisode de Dallas, ou encore Marie-Jo qui transforme son mariage blanc avec un marocain rencontré lors d’un voyage en un vrai mariage, accomplissant facticement – mais qu’importe – son rêve de toujours.

Dans ces chroniques-là, on rit encore beaucoup. Samuel Benchetrit possède un sens aigu des formules, des situations qui amusent. Le portrait de Franck Manin, alias Bobby, dont s'énamourera Véronique du fait de ce seul surnom attribué par le professeur d’anglais, témoigne à lui seul de l’art de l’auteur : «Dans le fond de la classe, était assis l’élève le plus moche depuis l’invention de l’éducation nationale. C’est pas pour être méchant, mais sa laideur devenait immédiatement un record. Comme quelque chose de fascinant. Ce type s’appelait Franck Manin, et en plus de ressembler à un rat, il était con comme une truite».

Samuel Benchetrit s’amuse, nous amuse mais ne raille jamais. Son regard est toujours empreint d’une certaine tendresse qui rend les personnages attachants. Dans leurs maladresses, dans leurs désespoirs, dans leurs espérances, avec leurs mots, tous ne rêvent que d’amour. Finalement comme nous tous, à leur manière…

Arnaud Genon
( Mis en ligne le 25/03/2015 )
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