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Pocheset Littérature  

Suite(s) impériale(s)
de Bret Easton Ellis
10/18 - Domaine étranger 2012 /  7.10 €- 46.51  ffr. / 186 pages
ISBN : 978-2-264-05453-1
FORMAT : 10,8cm x 17,7cm

Première publication en août 2010 (Robert Laffont - Pavillons)

Traduction de Pierre Guglielmina

Voir aussi, récemment réédité :

- Bret Easton Ellis, Moins que zéro, Robert Laffont (Pavillons), Septembre 2010, 231 p., 19 €, ISBN : 978-2-221-11304-2


Retour à L.A. : deuxième - Clap.

Suite de Moins que zéro, le dernier roman de Bret Easton Ellis ne vaut que comme suite, lu avec et après le premier opus du romancier américain.

Seul, on a ni plus ni moins qu'un thriller assez fade comme il en existe tant. B.E.E. y joue son propre épigone, s'imitant de façon moins convaincante, assurément moins percutante. Il faut donc lire les deux romans comme un seul et rendre ainsi grâce à Robert Laffont d'avoir réédité le premier en même temps que ce second (aujourd'hui en format ''poche'' chez 10/18). A la lecture, on chausse en effet ses lunettes de voyageur du temps, capable de se laisser saisir par la nouveauté et l'horreur de Moins que zéro, un roman qui, d'ailleurs, n'a pas du tout vieilli et campe une société terriblement actuelle quand, 25 ans en arrière, il l'annonçait peut-être plus qu'il ne la diagnostiquait. On sera donc interloqué, saisi, fasciné par cette jeunesse anomique et dorée, "des fils de" orphelins, jeunes monstres dés-éduqués, drogués, alcoolisés, hyper-sexualisés... et meurtriers.

Un Noël à L.A., le retour d'un jeune héritier, Clay (narrateur) sur les collines de Bervely. Sa petite amie, Blair, son ami Julian, au comportement louche, des ''parties'' pharaoniques et décadentes et, dans tout ce luxe, lovée comme un virus, l'horreur. Voilà pour Moins que zéro, premier roman de l'auteur, uppercut dans la littérature américaine des années 80.

25 ans plus tard, Clay, écrivain installé (les premiers paragraphes exposent son retour sur son premier roman narrant ses frasques juvéniles, dans une intéressante mise en abîme) et homme de cinéma (scénariste, co-producteur des adaptations de ses propres romans), revient à nouveau dans la cité des anges et retrouve les amis d'autrefois. A l'occasion du casting de son prochain film, il rencontre et se laisse séduire par la jeune Rain, bimbo trop jeune pour comprendre qu'elle est ce papillon de nuit que les lumières de Hollywood affolent... et consumeront. Se greffe sur cette bluette aussi monotone et décalée que peut l'être L.A. une histoire de réseau de prostitution et de meurtres. Retour à L.A., deuxième. Et Clap.

Le clap métallique de l'accessoire cinématographique. Pas celui des bravas que l'on pourrait adresser à l'auteur. Brillant dans Lunar Park, roman où l'auteur tirait de sa notoriété et du recul autorisé par l'âge une fiction/réalité d'une profondeur fascinante, Bret Easton Ellis ici se laisse aller avec une certaine complicité au remake hollywoodien dans ce qu'il a de pire : attendu, plagiaire... et lucratif, assurément. Un nouveau pied de nez au système dont il singerait les travers, ou plutôt la preuve que B.E.E. est résolument du sérail ?... Attendons la vraie suite, un nouveau roman, celle d'une œuvre que cette Suite(s) impériales(s) finalement, ponctue bien mal.

Reste la peinture maîtrisée de Los Angeles, ses tribus, ses traditions, sa géographie et ses monuments (des hôtels branchés, des restaurants incontournables, Sunset Boulevard, Melrose, etc.). Ici, B.E.E. excelle. Sinon, mieux vaut lire Bukowski qui, sur Hollywood, avait déjà tout dit.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 09/01/2012 )
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