L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

Ce qu'aimer veut dire
de Mathieu Lindon
Gallimard - Folio 2013 /  6.95 €- 45.52  ffr. / 312 pages
ISBN : 978-2-07-045034-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication en janvier 2011 (POL)

''C'est bien lui, c'est bien moi''

C'est un récit autobiographique.
C'est un récit sur l'Amour ; l'amour filial, le sentiment amoureux et l'amitié.
C'est un récit sur la jeunesse, sur la drogue, sur l'homosexualité assumée.
C'est un récit sur le milieu intellectuel germanopratin et sur l'édition.
C'est un récit sur des hommes.
C'est un récit sur les rencontres qui façonnent, celles qui structurent.

"Tel que j'ai été élevé, il y avait quelque chose de sacré autour des livres alors que Michel savait me les rendre plus prosaïques, vivants".

C'est un récit sur ces êtres qui marquent et qui manquent, ces chers disparus qui guident. "Chaque jour, j'attends les moments où il surgit en moi et me réconforte de sa seule existence passée".

C'est un récit sur des victimes précoces du Sida.
C'est un récit sur la mort "qui ne manque pas de douceur, aussi, quand elle a vieilli".

Mathieu Lindon signe avec ce livre une jolie lettre posthume à son père Jérôme, le fameux fondateur des Éditions de Minuit, celui aussi qui a découvert Samuel Beckett. Ce père Jérôme qui n'a jamais su dire à son fils autrement qu'en passant par la littérature qu'il l'aimait, ce même père Jérôme qui s'adressait à son fils, "sa catastrophe adorée", en lui disant : "On voit que tu es quelqu'un de bien". Et Mathieu de répondre dans son livre ; "J'accepte volontiers le compliment, amusé que, indépendamment de son exactitude, il ait fallu un roman pour que mon père arrive à cette constatation - c'est bien lui, c'est bien moi".

Ce père, Jérôme Lindon, qui attendait autre chose de son fils que cette homosexualité affichée. "Mon père qui aimait tout maîtriser s'est flanqué dans une situation immaîtrisable en ayant des enfants. Choisir était son métier, sa fierté, son pouvoir, sa vie. Mais on ne choisit pas ses enfants". Mathieu Lindon narre son enfance dans l'univers de livres, raconte comment les livres, via son père, ont laissé leur empreinte en lui. "Pour mon bonheur et mon malheur, j'adore lire, la solitude m'est une amie qui me délivre de la peine d'en chercher d'autres".

Mathieu Lindon, à la sortie de son adolescence "aussi interminable que désastreuse", a une partenaire, Valérie, chez laquelle se croisent nombre d'amants dont l'un a eu une relation avec Michel Foucault. De fil en aiguille, Mathieu Lindon rencontre alors Michel avec lequel il tisse une amitié particulière, puis Hervé Guibert qui restera, jusqu'à sa mort, pour Mathieu, un ami. Michel Foucault prend ses quartiers d'été et propose à Mathieu d'occuper l'appartement pendant ce temps et de s'occuper de ses plantes. L'opération se renouvelle ainsi souvent au rythme des déplacements de Michel Foucault. L'appartement de la rue Vaugirard devient vite le quartier général de l'été puis est le théâtre privilégié de rencontres festives pendant l'année et voit passer bons nombres de jeunes gens. Il souffle un vent de jeunesse, de drogue et de liberté rue de Vaugirard. " On dirait un café, une maison de rendez-vous..."

Après la mort de Michel Foucault, Mathieu Lindon, grandi, dira : "Désormais il faut espérer moins de l'existence. Je croyais avoir accédé à quelque chose d'éternel et cet éternel s'est dérobé. Je croyais que c'était la vie et c'était la jeunesse".

Un bel hommage posthume, fin et poignant, aux deux hommes de la vie de Mathieu Lindon, par lui-même.

Anne de Gaillande
( Mis en ligne le 04/02/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)