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Pocheset Littérature  

Une bonne raison de se tuer
de Philippe Besson
10/18 2013 /  7,50 €- 49.13  ffr. / 274 pages
ISBN :  978-2-264-05910-9
FORMAT : 11,1 cm × 18,0 cm

Première publication en janvier 2012 (Julliard)

L.A. Blues…

Deux destins humains ; un homme, une femme, une ville, Los Angeles ; c’est l’histoire d’une de leur journée, qui pourrait être la dernière ; c’est aussi le jour de l’élection de Barak Obama aux Etats-Unis.

Laura a pris sa décision ; celle, si lourde, et si tranquille à la fois, de se tuer aujourd’hui ; elle va son chemin, se remémorant les instants de sa vie, petits écueils qu’elle n’a pu, qu’elle n’a su éviter, et qui font qu’elle est maintenant sur ce chemin pour passer de l’autre côté : un mari qui l’aimait, mais qui ne conjugue plus ce verbe qu’à l’imparfait, un fils indifférent qui ne la rencontre que pour lui demander de l’argent ; qui ne se doute de rien, pas plus lui que son père. Un travail qui ne la passionne pas ; qui pourrait être passionné par le métier de serveuse dans un «coffee-shop» à Los Angeles ?

Samuel va son chemin aussi, sans s’en détourner ; son fils vient de mourir, son fils de dix-sept ans s’est pendu dans les toilettes de son lycée, pour une parole malheureuse de la fille dont il était fou amoureux. Il va vers les funérailles de ce fils, il va retrouver pour un dernier rendez-vous la mère de ce fils, dont il est séparé depuis de nombreuses années. Ce fils qu’il a accompagné, comme tous les pères séparés et seuls, en croyant que la fêlure de la séparation se réparait à coups de cadeaux et de sorties au restaurant ou au cinéma. Ce fils auquel il n’a finalement rien compris, même et surtout dans le geste ultime du suicide inexpliqué, inexplicable…

Ces deux-là vont se rencontrer bien sûr ; Laura va croiser le chemin de Samuel, ou réciproquement, mais cette rencontre n’arrivera qu’au bout du chemin. Ces deux-là vont leur chemin triste et nostalgique, pendant que l’Amérique s’enflamme pour un nouveau président ; et le contraste est saisissant entre les deux solitudes qui ne dévient pas d’un pouce d’un destin qu’ils savent tous deux écrit, et la liesse de la population américaine accueillant ce nouveau dirigeant comme un prophète des temps modernes.

Roman de la solitude, roman du désespoir, Une bonne raison de se tuer (le titre est emprunté à une phrase de Cesare Pavese : «Une bonne raison de se tuer ne manque jamais à personne») nous prend dans ses griffes ; on ne peut se détacher de ces deux chemins dont l’évidence nous apparaît dès le début du livre et ne nous lâche plus jusqu’à la dernière ligne. De deux destins somme toute assez ordinaires, Philippe Besson a construit un roman particulièrement attachant.

Michel Pierre
( Mis en ligne le 07/01/2013 )
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