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Pocheset Littérature  

Les Couplets
de Claire Castillon
Le Livre de Poche 2015 /  6.60 €- 43.23  ffr. / 216 pages
ISBN :  978-2-253-19427-9
FORMAT : 10,9 cm × 17,8 cm

Première publication en avril 2013 (Grasset)

Petits malaises

Il y a cette femme amoureuse d’un mufle et qui l’attend candidement, désespérément, follement aussi ; il y a ce couple dont l’histoire est aussi gastronomique que sentimentale ; il y a cet homme gentil abandonné par une femme qui rêve de machos ; il y a encore ce couple où le devoir conjugal est devenu une séance de film X au désespoir de Monsieur ; et puis il y a tous les autres, les mal accordés, les obsédés de l’éducation parfaite, ceux ou celles qui ne veulent pas s’engager, ceux qui se détestent et ceux qui s’ennuient ensemble, celle qui n’a rien à dire, et ceux qui n’ont rien… tout court. Drôle de galerie, collection de couples et d’histoires singulières, d’impasses sentimentales et de drames en taille familiale, disséqués au scalpel et figés dans l’encre.

Les Couplets, ce sont ces petits couples plus ou moins bien fagotés, ces histoires d’amour qui virent à l’aigre, finissent mal ou n’en finissent pas, ces plaisirs qui se dérobent et ces ruptures qui s’éternisent. En une trentaine de nouvelles courtes, quelques pages, et en vue subjective, Claire Castillon observe, note et donne la parole aux uns et aux autres. Autant de petits monologues où l’on exhale une lassitude, une interrogation, un bonheur déglingué, un espoir. Alors le lecteur picore, se promène dans cette galerie de portraits, vadrouille dans l’intimité des couples avec un plaisir coupable – mais si peu – qui est celui du voyeur, confronté à un drame du voisinage.

Avec ces Couplets, on retrouve l’auteur surdouée des Bulles, d’On n’empêche pas un petit cœur d’aimer, etc. , sa plume toujours habile, émouvante – comme dans ''Les Mots d’amours'' – ou clinique, son sens de la démesure conjugale et intime, telle que pas un magazine féminin n’oserait envisager. Claire Castillon est un auteur trop rare ; aussi faut-il déguster chaque nouvelle, revenir sur les ouvrages précédents et guetter cette plume trempée dans l’acide, joliment assassine ou cynique au temps d’une société qui ne rêve que de happy ends et d’histoires de princesses.

Un plaisir trop fugace pour les amateurs, et l’occasion d’une vraie découverte, celle d’un auteur singulier et d’un style rare, pour les autres.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 03/07/2015 )
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