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Pocheset Littérature  

L'Eternel
de Joann Sfar
Le Livre de Poche 2014 /  7.60 €- 49.78  ffr. / 456 pages
ISBN : 978-2-253-00072-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,5 cm

Première publication en mars 2013 (Albin Michel)

Brouillon

Le roman commence en 1913 par une guerre sanglante dans laquelle se battent deux frères juifs, Ionas et Caïn, l’un sensible et l’autre sans nuances. Les caractères sont posés, Caïn va laisser mourir son frère sans intervenir et épousera sa fiancée.

Au-delà de l’histoire, ces cinquante premières pages sont violentes, les scènes de viols, d’éviscérations, d’horreurs, nombreuses, détaillées avec complaisance et un luxe de détails gore. On se dit que si les 400 autres pages sont ainsi, la lecture ne sera pas décontractante, mais au milieu de cette boucherie, plusieurs conversations tournant autour du sexe, de façon badine, alertent.

Et de fait, une fois les principaux protagonistes morts, l’histoire prend une autre tournure avec la découverte de l’état de son vampire par Ionas. Nous entrons alors dans la première partie du livre, des dizaines d’années plus tard, la recherche de sa vie «d’avant» et la construction de sa vie actuelle, toujours bien sûr au milieu de massacres, d’égorgements et de sexe. Un second degré pointe son nez, inévitable compte tenu du sujet, et certaines pages, notamment l’aménagement de son intérieur dans un tombeau plus ou moins désaffecté, en compagnie d’un chien, sont amusantes.

Comme Joann Sfar déborde d’idées, il élabore une deuxième partie un cran au-dessus de la précédente, en la personne d’une psychanalyste plus ou moins en rapport avec les vampires par le biais de son mari ; et notre Ionas si sensible va chercher à comprendre le vampirisme. Les deux tomberont amoureux, cela va de soi.

On ne peut nier que cet écrivain développe une imagination hors du commun, son métier de scénariste de BD l’a rompu à une forme d’écriture chimérique, la fréquentation des planches illustrées lui a donné le sens de l’image, et au cours de la lecture se déroule dans notre tête le film du récit. Il a le sens de la description, c’est un vrai conteur riche de mots et de réflexions diverses. Mais si la forme est convaincante, le fond est inintéressant, lourd et brouillon. Les amateurs du Chat du rabbin n’y trouveront peut-être pas leur compte…

Dany Venayre
( Mis en ligne le 29/10/2014 )
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