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Pocheset Littérature  

Il faut beaucoup aimer les hommes
de Marie Darrieussecq
Gallimard - Folio 2015 /  7.50 €- 49.13  ffr. / 304 pages
ISBN :  978-2-07-046291-9
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Première publication en août 2013 (POL)

Il faut beaucoup aimer Marie D.

"Il faut beaucoup aimer D.", comme une injonction d'abord, parce que c'est ainsi, parce que M. Darrieusecq jouit des faveurs de la critique, qu'elle a offert en effet des romans ayant fait date et qu'on découvre un nouveau titre sans oublier les précédents. Il faut ici aussi "aimer beaucoup Marie D.", comme un conseil, comme un avertissement, pour aimer mieux, peut-être, ce nouveau titre.

Qui, très franchement, pardon collègues critiques, ne nous a pas vraiment emballé. Une bluette, un vague à l'âme de (bonne) femme, l'équation ♂ + ♀ une fois de plus mal résolue... L'histoire de Solange, héroïne de Clèves, précédent roman de M.D. : une Solange adulte, actrice française ayant percé à Hollywood et qui s'énamoure là d'un acteur noir, à l'occasion d'une soirée hyper-hype, reflets fragmentés et recomposés à travers les baies vitrées d'une villa lorgnant sur L.A. Kouhouesso Nwokam, camerounais, devient "L'Amant" (Duras, référence affichée dans le titre du roman et les postures de l'auteure et de son héroïne). Une relation en format Elle, où l'énamourée souffre de l'absence, des silences et des distances imposés par l'amoureux. De Bel Air à un F2 dans le 93, l'histoire se répète : "pourquoi ne rappelle-t-il pas ?...".

Solange endure, patiente, subit et supporte, par amour, par cet alchimique attachement qui, en tout les cas, y ressemble à s'y méprendre. Lui, il s'obnubile pour la production d'un film "noir", tirer la langue à Coppola et adapter à nouveau Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, cette fois dans la fidélité absolue au texte, dans la fidélité aveugle aux racines africaines. Hollywood s'affole (trop cher, trop loin, trop risqué), George (Clooney) soutient, Vincent (Cassel) jouera... Et Solange patiente, passe un Noël dans les clichés de France, qui ne la satisfait pas, avant d'embrasser amèrement les clichés d'Afrique en rejoignant l'amant impossible là-bas.

Clichés par brassées donc : sur l'amour, sur les hommes, les femmes, sur l'Afrique, l'Occident, sur la France, Paris, la Province, sur les noirs, les blancs, sur la vie d'acteur, Hollywood... Cela fait beaucoup, cela fait en fait trop et, Marie D. a beau remarquablement manier la plume, patiner d'une douce tristesse le foutoir de ces stéréotypes... on ne peut s'empêcher de trouver tout cela bien vain, facile et convenu. Il faut donc beaucoup aimer Marie D. et lui rappeler avec amitié que ''les hommes'', cela n'existe pas.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 13/04/2015 )
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