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Pocheset Littérature  

Une année studieuse
de Anne Wiazemsky
Gallimard - Folio 2013 /  6.60 €- 43.23  ffr. / 278 pages
ISBN : 978-2-07-045387-0
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Lolita

Elle a 17 ans. La belle héroïne de Au Hasard Balthazar de Robert Bresson entame une liaison amoureuse avec Jean-Luc Godard, l'un des papes de la Nouvelle Vague. Dix sept ans aussi les séparent. Fille de Claire Mauriac et du prince Yvan Wiazemsky, haut fonctionnaire international, elle est donc la petite fille de François Mauriac (son tuteur), écrivain français, membre de l'Académie française, prix Nobel de littérature en 1952.

Anne Wiazemsky envoie une lettre à Jean-Luc Godard aux Cahiers du cinéma et fait sa rencontre. Elle est mineure à cette époque (la majorité étant en outre alors fixée à 21 ans). Elle prépare son bac (son oral de philosophie) avec l'aide de Francis Jeanson, journaliste et philosophe français. Elle réussit l'épreuve et s’inscrit à Nanterre où elle fait la connaissance de Daniel Cohn-Bendit.

Si sa mère est opposée à cette relation, elle ne fait pas barrage d’une façon autoritaire et même François Mauriac, fort conservateur et âgé, s’il lui fait quelques réprimandes, laisse filer. Il est même curieux et intéressé. Dans ce milieu bourgeois, on se comporte fort librement et l'on n'est pas très exploité entre la rue de Miromesnil (le vaste appartement où habite Jean-Luc Godard, où il tournera La Chinoise) et la rue François-Gérard.

Sa relation avec Jean-Luc Godard est simple, passionnée, tumultueuse ; l'auteur d'A bout de souffle se révèle un amant anxieux, fougueux, possessif et maladroit, donc touchant, derrière son sérieux intellectuel et ses engagements politiques maoïstes dans l'air du temps. Grâce à lui, elle rencontre François Truffaut, le critique Michel Cournot, Jean-Pierre Léaud et tourne dans La Chinoise. Elle se marie avec le cinéaste en Suisse, rencontre Jeanne Moreau, Maurice Béjart et d’autres personnalités au festival d’Avignon avant de faire un étrange malaise. Et c’est tout...

Peut-être symptomatique d'une époque – la nôtre – où l'on se complaît dans le mythe de la transparence par le déballage de petites histoires personnelles, ce roman autobiographique est écrit fort simplement, et même sans grand style. Anne Wiazemsky n'a pas le goût du détail concret. C'est un roman comme il en existe tant d'autres donc, sans aucune vision réelle de l'amour. Comme le récit se déroule sur une année, l’auteure ne parle de la rupture.

Un roman que l'on remarquerait à peine, n'était l'entourage de son auteure, qui manque du souffle nécessaire pour retracer cette époque tumultueuse et la naïve radicalité des prises de positions politiques dans ces milieux intellectuels.

Yann Leloup
( Mis en ligne le 27/11/2013 )
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