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Pocheset Littérature  

Expo 58
de Jonathan Coe
Gallimard - Folio 2015 /  8 €- 52.4  ffr. / 368 pages
ISBN : 11,0 cm × 17,8 cm
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication française en février 2014 (Gallimard - Du Monde Entier)

Josée Kamoun (Traducteur)


Séduction et moules frites

Anglais on ne peut plus britannique, d'un flegme frisant la neurasthénie, triste mais policé, Thomas Foley, fonctionnaire sans tache du ministère de l'information, se retrouve catapulté au pays de sa maman, belge de son état, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1958 : Atomium et guerre froide...

Et quelques mousses aussi ! Car Thomas s'est vu confié la supervision du pub anglais promouvant l'art de vivre national : le Britannia. Là, grisé par l'ambiance si cosmopolite et les manigances diplomatiques, Thomas se laisse tenter par les démons de l'adultère, non seulement parce que son couple bât de l'aile (son épouse, Sylvia, seule chez eux avec leur bébé, subit sans résistance les assauts de leur voisin) mais aussi parce que le salut de la patrie, et celui de la Grande soeur américaine, en dépendent. Pour éviter que trop d'informations ne passent de l'Ouest à l'Est, Thomas, éperonné par une paire d'espions anglais genre Dupont et Dupond, doit séduire l'Américaine Emily afin de l'arracher à l'emprise de très sexy, et trop russe, Chersky. Or, il en pince aussi pour la très belge et flamande Anneke...

Un véritable méli mélo sentimental, dans une pagaïe de langues et de nationalités, sous les reflets mordorés du gigantesque et emblématique Atome. Il est d'ailleurs aussi question de fusion nucléaire dans ces chassés croisés entre espions... et espionnes. Et de piques-niques à la campagne, au milieu de champs de boutons d'or.

C'est drôle, d'un humour britannique doublé de l'humour belge, ce qui en soit, suffit à en faire un bon roman. Mais pas l'un des meilleurs de Jonathan Coe. On rit, on tourne volontiers les pages, on se sent pris par l'intrigue, mais par forcément transporté. La fin est réussie et apporte son pesant de révélations. Peut-être, simplement, manque-t-il à l'intrigue un surplus de sel, contrairement à ces chips que Chersky dévore et dont il plie ensuite religieusement les paquets pour les ranger dans la poche de son veston.

Thomas Roman
( Mis en ligne le 10/06/2015 )
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