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Pocheset Littérature  

La Gaieté
de Justine Lévy
Le Livre de Poche 2016 /  6.90 €- 45.2  ffr. / 216 pages
ISBN : 978-2-253-08724-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,0 cm

Première publication en janvier 2015 (Stock)

Le métier de mère

Après Le Rendez vous, Rien de grave et Mauvaise fille, Justine Lévy poursuit sa chronique personnelle et familiale avec La Gaieté dont le titre est tout un programme : sortir de la tristesse des livres précédents, et offrir à ses deux enfants le visage résolu de la gaieté, bref rompre définitivement avec toute une part d’elle, de sa vie et de sa mère, qu’elle vient d’enterrer. «C’est quand je suis tombée enceinte que j’ai décidé d’arrêter d’être triste, définitivement, et par tous les moyens».

Et l’auteure convie ses lecteurs à sa nouvelle aventure : découvrir et inventer un modèle maternel, alors qu’elle est sans expérience sur le sujet, petite fille d’une mère aimée et absente même dans les moments partagés. En filigrane, un thème (et une inquiétude ici) : on est toujours la fille de sa mère lorsqu’on devient mère à son tour… Comment jouer avec cet héritage mystérieux dont une part est acceptée et l’autre fermement refusée ? Le refoulement cependant a ses limites et la mère resurgit, inattendue.

Pour Louise, la narratrice, être mère c’est avant tout découvrir la peur, une peur incessante, peur des maladies, de l’imprévu, que les enfants manquent de quelque chose, peur omniprésente... La gaieté vient alors en plus, estompe la peur, aide à conquérir ce statut désiré de mère reconnue.

Au cours de ce récit d’une jeune mère de famille qui porte en elle la petite fille ballottée entre un père riche et célèbre et une mère belle, foutraque et camée, dans un milieu riche et parisien, Justine Lévy conserve ce qui a fait le succès populaire des ouvrages précédents. On ne peut s’empêcher de se demander si le succès tient au personnage aisément identifiable et présent à chaque page ou presque de Bernard-Henri Lévy, et donc à un certain voyeurisme du lecteur assoiffé de célébrités. Comment lirait-on Justine Lévy si elle était une anonyme absolue ? Le lecteur s’attacherait alors seulement à l’écriture, le livre y gagnerait-il ou non ?

Car Justine Lévy n’est pas qu’une «fille de», elle est aussi assez représentative d’un milieu et d’une génération qui peuvent se reconnaître en elle, dans ses interrogations, ses angoisses, ses attentes, et La Gaieté est un récit bien écrit, qui sonne juste. On attend avec curiosité le prochain ouvrage : sur l’adolescence d’Angèle et Paul ? Ou bien un roman dans lequel Justine Lévy, en s’affranchissant de l’autofiction, montrerait ses qualités d’écrivain ?...

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 21/03/2016 )
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