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Pocheset Littérature  

Prête à tout
de Joyce Maynard
10/18 - Domaine étranger 2016 /  8,40 €- 55.02  ffr. / 403 pages
ISBN : 978-2-264-06797-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Première publication française en mai 2015 (Editions Philippe Rey)

Jean Esch (Traducteur)


Rêve américain…

Les éditions Philippe Rey, qui publient depuis trois ans les romans de Joyce Maynard, rééditaient l'an dernier Prête à tout (aujourd'hui en poche chez 10/18), un texte de 1993 (première édition française 1995). Un roman que le réalisateur Gus Van Sant avait porté à l’écran avec Nicole Kidman dans le rôle principal. Pour écrire son récit, Joyce Maynard s’est inspirée d’un fait divers réel qui avait passionné l'Amérique et dont le procès avait été le premier entièrement diffusé à la télévision : l’affaire Pamela Smart.

En changeant les noms et les emplois des personnages, Joyce Maynard reprend la trame : l’histoire de cette jeune femme qui avait commandité l’assassinat de son mari en manipulant des adolescents dont elle avait fait des meurtriers. Les faits se passent en Nouvelle Angleterre. L'héroïne, Suzanne Stone, a vécu une enfance d’enfant-roi, avec des parents et une sœur en adoration devant elle. Dès son âge le plus tendre, elle se rêve en vedette de la télévision, et enrôle son entourage au service de ce rêve, une réalité inéluctable pour elle. Mariée très jeune à Larry Maretto, fils de restaurateur qui reprend l’affaire de son père, elle poursuit son projet. On songe à la fameuse réflexion d’Andy Warhol : «À l'avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale».

Joyce Maynard a construit son roman sur une série de monologues des différents protagonistes : Suzanne, les membres de sa famille, les trois adolescents (Lydia, Jimmy, Russell), leurs parents, les policiers, etc. L’intrigue se construit sur ce kaléidoscope, et très vite le lecteur voit se dessiner la double personnalité de Suzanne : une jolie jeune femme américaine, mais une psychopathe dangereuse qui n’éprouve de réels sentiments que pour son chien. Les personnages appartiennent aux différents milieux sociaux, le prolétariat de pêcheurs de palourdes, la classe moyenne aisée ; ils sont dessinés par petites touches successives, d’un passage à l’autre.

Au-delà de l’intrigue assez vite dévoilée, l’idée est de montrer les liens entre la réalité des personnages et leur apparence, jeux de miroirs, de petites tricheries, d’accommodements avec la réalité. Si Suzanne se révèle somme toute plutôt vide dans son obsession du paraître et de la réussite, en revanche les adolescents prennent de la densité dans leur médiocrité pathétique.

Un roman de lecture aisée, pour grand public, plutôt féminin.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 06/06/2016 )
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