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Pocheset Littérature  

La Disparition de Josef Mengele
de Olivier Guez
Le Livre de Poche 2018 /  7,20 €- 47.16  ffr. / 256 pages
ISBN : 978-2-253-07380-2
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2017 (Grasset)

L’Ange de la mort (Der Todesengel)

Essayiste et scénariste, Olivier Guez nous présente son nouveau roman sur un sujet difficile. Le médecin d’Auschwitz, Josef Mengele, coupable de crimes et d’expérimentations médicales terrifiantes et indicibles sur les adultes, les handicapés et les enfants prisonniers du camp de la mort, ceci dans le but d’améliorer la race aryenne, réussit à échapper à la fin de la guerre à la vigilance des services alliés (il ne porte pas de tatouage comme les autres nazis) et prend la fuite en Amérique du Sud (Embu, au nord de Sao Paulo) où il vit en toute impunité jusqu’à sa mort en 1979.

C’est cette seconde partie de sa vie que le roman explore, et à travers elle le cas de nombreux nazis ayant trouvé une terre d’accueil favorable en Argentine, puis au Paraguay ou au Brésil. Avec la bénédiction des USA qui en échangent bénéficiaient de renseignements militaires et stratégiques. «Comment l’Argentine officiellement neutre fut la tête de pont de l’Allemagne nazie en Amérique du Sud pendant la guerre. Les Allemands y ont blanchi des millions et des millions de dollars et s’y sont procuré des devises et des matières premières». L’auteur analyse l’évolution de l’engagement argentin dans le refuge offert aux anciens nazis par le dictateur Juan Perón.

Il ne faut pas oublier que de grandes entreprises ayant encore pignon sur rue aujourd’hui (BMW, Siemens, Hugo Boss) ont profité du régime nazi, dans les camps de déportés, avec une main-d’œuvre bon marché, ainsi que la société des matériel agricole Mengele à Günsburg (Bavière) qui a longtemps prospéré et envoyé des subsides à Josef. On ne peut donc pas s’émouvoir quand la paranoïa de ce dernier, les recherches de Simon Wiesental, et ses revers de fortune le laissent s’enfoncer dans la misère et la solitude d’un vieillard aigri.

On aurait aimé avoir plus de précisons sur le système international ayant permis la fuite des nazis après guerre ou sur les efforts mis en œuvre dans la chasse aux nazis par le Mossad. Car ce récit relativement court est axé sur la seconde vie de l’«Ange de la mort», qui survivra jusqu’à la fin avec une idéologie intacte, proprement inhumaine. Au fond, quel est l’intérêt de connaître la trajectoire d’un tel monstre ? Sa personnalité est tout sauf intéressante et le roman est comme indulgent envers ce serpent malfaisant. Les mailles du filet pour le capturer étaient trop larges.

Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 24/09/2018 )
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