L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

L'ÃŽle du Dr Mallo
de Stephen Fry
J'ai lu 2009 /  7.60 €- 49.78  ffr. / 412 pages
ISBN : 978-2-290-01991-7
FORMAT : 11x18 cm

Première publication française en mars 2002 (Belfond)

Traduction de Christiane et David Ellis


SeMangeFroid.com

Ned Maddstone incarne de manière archétypale le jeune héritier britannique : fils d’un député en ascension, promis à de brillantes études à Oxford, il corrige gentiment sa panoplie par une passion adolescente avec Portia, fille d’un couple plutôt gauchiste/baba. La faute à pas de chance, un hasard malheureux poussé par des jalousies lycéennes le propulse dans un engrenage diabolique, mêlant l’IRA, du hasch et un hôpital psychiatrique perdu sur une île danoise, où séjournent anonymement des sujets de sa Majesté encombrants. C’est en effet sur l’île du Docteur Mallo que le jeune Ned se retrouve, après passage à tabac par des sous-fifres d’un agent britannique sans scrupule : Oliver.

Estampillé fou, Ned rentre dans l’âge adulte au fil d’une dizaine d’années passées dans cet asile hors du temps et de monde. Il s’y lie d’amitié avec Babe, autre «fou d’Etat» qui orchestrera brillamment la fuite de son jeune protégé. Ned rejoint alors une Europe transfigurée par les années 80 et 90. Où l’on voit que la modernité, en vingt ans, n’a pas chômé : chute du communisme, téléphones portables et internet font à notre héros l’effet d’une révolution…

Ned, animé d’un besoin de vengeance dépassant l’imaginable, renaît au seuil du XXIe siècle sous les traits d’un champion de la toile : Simon Cotter, équivalent romanesque de Bill Gates. A la moitié du roman commence alors le récit d’un règlement de compte diabolique, contre ceux qui, vingt ans plus tôt, avaient donné un coup de pouce aux Parques : Oliver bien sûr, mais ses anciens camarades du lycée aussi, qui, d’une blague cruelle, sacrifièrent la vie de leur condisciple…

Le récit est prenant même si l’on peut lever les yeux au ciel devant certaines facilités ''scénaristiques'', qu’il s’agisse de la mémoire éléphantesque de Babe ou du succès fulgurant de Ned/Simon, vengeur sans scrupule, propulsé sur la scène mondiale grâce à un trafic de substances illicites. Tout aussi peu crédible est l’opiniâtreté vengeresse du personnage, que sa cruauté aveugle ne semble pas émouvoir, complètement déconnectée des responsabilités effectives des anciens compagnons du nouveau roi du Web. Quant aux méthodes britanniques dignes de la Lubianka…

L’île du Dr Mallo est un roman «moderne». Il montre à voir ce qui, devenu tellement quotidien, ne nous surprend plus, à moins d’avoir séjourné quelques années coupé du monde ! Mais cette modernité même fait peser sur l’oeuvre la menace de se démoder très vite pour ne plus garder qu’une petite valeur documentaire, et provoquer un plaisir littéraire rapide. On se demande même si ce n’est pas déjà fait. Car, c’est bien connu à présent, on ne fait pas fortune avec internet !...

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 14/12/2009 )
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