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Pocheset Littérature  

Le Dernier qui part ferme la maison
de Michèle Fitoussi
Le Livre de Poche 2006 /  6 €- 39.3  ffr. / 284 pages
ISBN : 2-253-11589-4
FORMAT : 11x18 cm

Première publication en mai 2004 (Grasset).

Le blues des quadras

Rares sont aujourd’hui les bonnes comédies, celles qui nous parlent de nous, nous font rire, nous émeuvent, nous les quadras qui voulons tout : la jeunesse, l’amour, la réussite.

Il y a un peu de nous dans chacun de ces récits croisés de cinq bobos affublés d’une maison de campagne. Deux sœurs, ombre et lumière : Elizabeth, 49 ans, prof, remariée, «féministe peu féminine», revenue de ses idéaux, gênée aux entournures, trop bonne pour être vraie; Patricia, 45 ans, animatrice d’une émission TV de cuisine, «La main à la Pat», bien mariée, mal trompée, liftée, un tantinet snob. Toutes deux réagissent à leur façon à la maladie d’Alzheimer de leur mère retraitée au Clos Joli. L’une fuit, l’autre s’accroche. En instance de divorce, Thomas et Hélène sont sur le point de vendre la maison voisine. Thomas s’est entiché de Chloé, une bombe, genre «chieuse opportuniste». Hélène se déniaise avec un chanteur «crooner pour midinette». Par hasard, tout ce petit monde se retrouve en Normandie, les époux et leurs nouvelles conquêtes, les sœurs fâchées, Jean-Maurice, l’ex d’Elizabeth, écrivain raté, si touchant. La fugue de la vieille dame provoque une rencontre de bon voisinage, style Groseille et Duquesnoys. S’en suivent quiproquos et coups de théâtre.

Michèle Fitoussi n’épargne pas ces éternels adolescents : chacun se sauve comme il peut. Chacun révèle sa vérité, loin du jugement des autres. Très à l’aise dans la peau des hommes, la romancière comprend leurs mensonges, le blues des divorcés, se réjouit face à la capacité de réagir des femmes. Elle partage leurs illusions, leur peur du temps qui passe; en un mot, elle sympathise. Le personnage de la mère est magnifique, les instants de tendresse tant attendus avec Patricia, bouleversants. En un éclair de mémoire, cette mère enfermée dans sa «colère muette» révèle à sa fille un de ces secrets de famille qui empoissonnent la vie. Comme après un bon week-end entre amis, on pose ce livre heureux, plus léger et… presque rajeuni. Il suffit parfois de fermer une porte pour en ouvrir une autre.

Emmanuelle de Boysson
( Mis en ligne le 08/03/2006 )
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