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Pocheset Littérature  

Bye Bye Blondie
de Virginie Despentes
Le Livre de Poche 2006 /  6 €- 39.3  ffr. / 245 pages
ISBN : 2-253-11244-5
FORMAT : 11 x 18 cm

Première publication en août 2004 (Grasset).

Bluette punk

On redoutait la lecture du dernier roman de l’auteur de Baise moi. On s’attendait au récit émétique et post-féministe d’un écrivain dérangeant, au-delà de la provocation et du littérairement soutenable. Quand on n'est pas fanatique de ces plumes faciles, terriblement calibrées, ayant réussi un tour de passe passe proprement post-moderne – faire du scandale une grande convention -, on n’ouvre normalement pas un roman de Virginie Despentes. Sinon par acquit de conscience, pour mettre un peu de mots et de lu sur des a priori, conforter une impression ou l’infirmer.

Or la surprise est bonne car ce Bye Bye Blondie sort des sentiers battus du germanopratisme façon XXIe siècle. Sans prétention, sans effets de scène, sans provoc’, Virginie Despentes livre l’histoire touchante et franchement drôle d’une punkette perdue en pleines années 2000.

De nos jours en effet, Gloria (c’est un pseudo choisi par une ado éternelle en mal d’identité) manque de se faire écraser en plein Nancy par un amour de jeunesse, Eric, devenu depuis le temps l’une des stars du petit écran français. Qu’une marginale dans l’âme ait pu tomber pour l’équivalent d’un Benjamin Castaldi a de quoi laisser songeur. Sauf si les deux tourtereaux se sont rencontrés à 16 ans dans un hôpital psychiatrique !... En HP, bas les masques : «Gloria est dans l’énervement débile. Et d’heure en heure, elle s’enterre.» Eric est un fils à papa à tendance suicidaire. Ce qui crée des liens qui perdureront par-delà les ans, Gloria ayant trouvé un palliatif à son malaise dans l’entretien de son punkisme juvénile et une violence rarement bridée, Eric dans le reflet menteur de la petite lucarne.

Les deux amants se retrouvent donc et poursuivent comme si de rien leur histoire. Reste à savoir si cela durera. «C’était une amourette d’HP, pas un truc de plein jour.» Or le plein jour guette la compagne d’un prince du PAF, les paillettes, toute une société étrange, qu’elle séduit mais qui reste une jungle… L’amour, handicapé déjà par le passage à l’asile, survivra-t-il à cette horde ?...

Sans prétention donc, dans un style frais, bourré d’argot et d’un humour saisissant, Virginie Despentes a rendu un roman où l’on prend plaisir aussi à découvrir l’habitus d’une «keupon» de base : drogue, sexe, rock et un brin de violence, mi-sauvage, mi-romantique, habits usés pour une jeune ado devenue vieille punkette dans un monde frappé par la «Fin de l’Histoire»…

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 05/04/2006 )
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