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Pocheset Littérature  

Les Proies de l'officier
de Armand Cabasson
10/18 - Grands détectives 2005 /  8.50 €- 55.68  ffr. / 426 pages
ISBN : 2-264-04163-3
FORMAT : 11x18 cm

Enquête pendant la campagne de Russie

Juin 1812. Napoléon s’apprête à lancer à l’assaut de la Russie 400 000 hommes, prêts à marcher vers de nouvelles victoires. Tandis qu’ont lieu les derniers préparatifs de la campagne, ils attendent en Pologne et trompent l’ennui et l’angoisse des combats à venir, par le jeu et les beuveries. Le prince Eugène de Beauharnais, beau-fils de Napoléon, vice-roi d’Italie et commandant du 4e corps de la Grande Armée, convoque le capitaine Margont et lui confie une mission ultra-confidentielle : une Polonaise a été affreusement assassinée dans l’auberge d’un village où stationnent une partie de ses troupes et il y a tout lieu de penser que le coupable est un officier français. Margont doit enquêter discrètement et démasquer l’assassin. Quelques jours plus tard, l’armée franchit le Niémen et entame la tragique campagne de Russie, qui marquera le début de la chute de l’Aigle.

L’auteur, Armand Cabasson, est psychiatre et amateur d’histoire, membre du Souvenir napoléonien. Il nous invite donc à vivre la campagne de Russie, du Niémen à la Bérézina, à travers l’histoire de Margont et de quelques-uns de ses camarades. Un brave que ce Margont ! La trentaine, plus de dix ans de service, il a combattu notamment à Auerstaedt et en Espagne et il arbore fièrement la Légion d’honneur, signe distinctif de l’élite de la valeur et du courage en ces temps héroïques. C’est aussi un homme cultivé, modéré et humaniste. Républicain, il rejette le caractère autoritaire du régime, mais sert malgré tout l’Empereur. Envahisseur, il respecte le pays conquis, dont il cherche à comprendre la culture et les moeurs. Soldat, il se bat loyalement et ne tue que par devoir, et à regret. Un type bien en somme. Lucide aussi, puisque, très vite, il sent le piège dans lequel Napoléon s’enfonce : cette immensité russe qui englouti la Grande Armée, bien avant que l’hiver ne l’achève.

Fidèle à l’esprit de la collection «Grands détectives», où les intrigues sont aussi l’occasion de décrire un milieu ou une époque, Margont nous entraîne dans une visite guidée de la Grande Armée et de la guerre napoléonienne. L’érudition de l’auteur est évidente. Dans un récit plaisant, il donne continuellement des informations sur le déroulement des opérations, les choix des grands chefs, l’organisation des armées, ou de détails sur la vie quotidienne : rivalités entre fantassins et cavaliers d’une part, hussards et autres cavaliers par ailleurs, problèmes de ravitaillement, harcèlement par les cosaques, pillage des villes traversées, omniprésence de la mort. Tout cela restitue très bien l’atmosphère de la campagne et de la guerre à cette époque. La fureur des batailles est également bien rendue. Pendant que Margont et les autres s’emparent de la grande redoute à la Moskowa, le lecteur cherche d’ailleurs à apercevoir, de l’autre côté, au milieu de la fumée, le prince André Bolkonski, regardant, fasciné, la grenade qui va le tuer dans La guerre et la paix. Le monde est petit !

Et l’enquête dans tout cela ? C’est un peu le problème car elle subit le même sort que la Grande Armée : elle se délite. Elle ne constitue plus bientôt qu’un mince fil conducteur, qui peine à rivaliser avec le fracas de l’histoire, du basculement d’un destin. Pour le prix d’une intrigue un peu molle, Armand Cabasson s’offre donc un récit vivant de la campagne de Russie. Il décevra peut-être les amateurs de polar pur, mais ravira les fans de l’Empire.

Antoine Picardat
( Mis en ligne le 15/04/2005 )
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