Poches
Littérature de Jonathan Coe
Gallimard - Folio 2007 / 7.70 €- 50.44 ffr. / 560 pages
ISBN : 978-2-07-034491-8
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Traduit de l'anglais par Jamila Ouahmane Chauvin et Serge Chauvin.
Première publication française en janvier 2006 (Gallimard - Du Monde Entier).
Le temps béni du blairisme
Au double sens du terme, un pavé littéraire : 550 pages dans la mare boueuse d'une Angleterre où «aujourd'hui» rimerait avec «fin des idéologies», «relents néo-nazis», «pitreries sur MTV»... Quoi de neuf docteur de l'autre coté du Channel ?... Hélas, pas grand-chose, l'Angleterre va toujours aussi mal. Cri ânonné par Jonathan Coe au fil de romans à succès, mêlant la bile politique et sociale à la tendresse de portraits humains toujours attachants.
1979-2000, entre les tristes prodromes du thatchérisme et l'agonie sous perfusion libérale du travaillisme, rien n'a changé. Atonie d'une vie politique où la soif prédatrice du pouvoir le partage à la mesquinerie des compromissions, montée des intolérances, crispation sécuritaire et médiocrité audiovisuelle servent d'aveuglantes scènes aux vies ici filées des héros vieillis de Bienvenue au Club. Qu'on ait lu ou pas ce premier roman, on appréciera autant Le Cercle fermé, ample épopée sociale, jamais difficile, suivant les itinéraires d'anti-héros emblématiques, à commencer par les deux frères : Paul, minable politicien confondant ses penchants adultérins avec ses non-choix politiques, et Benjamin, plus pur et hors du monde, écrivain - il va de soi -, Coe déguisé - il va sans dire...
Et toujours une intrigue qui prend son temps, s'étoffe au fil des pages, autour de la jeune Malvina, objet de désir commun aux deux frères... L'Irak est bombardé, les usines ferment et le Loft propulse dans l'ombre les génies littéraires, les héros scientifiques et autres monstres nobélisables... Au temps de Bush Jr, Tony et le clone britannique de notre Loana, que faire ? Courber l'échine ou écrire dans la révolte, peut-être, les deux postures ici dépeintes par un grand auteur anglais.
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 25/05/2007 )
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