L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

Les Coeurs autonomes
de David Foenkinos
Le Livre de Poche 2012 /  5,60 €- 36.68  ffr. / 126 pages
ISBN : 978-2-253-16687-0
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en mai 2006 (Grasset - Ceci n'est pas un fait divers)

Chasseurs d’absolu

David Foenkinos se livre au jeu de la reconstitution littéraire et romanesque d’un drame, en se fixant au couple de jeunes terroristes qui défraya la chronique il y a dix ans, Florence Rey et Audry Maupin. On revoit tous le visage angevin de la jeune femme, rescapée meurtrière de cette fusillade place Nation, une beauté à la Julie Gayet.

C’est une étudiante en lettres, plutôt discrète, très romantique, trop, née d’un foyer où la maladie mentale du père crée une ambiance délétère. David Foenkinos revêt les habits de l’étudiant spectateur, intrigué sinon amoureux de cette beauté mutique et effacée, retrouvée un jour en Une des journaux. Elle aspire au bonheur comme un trou noir mange l’univers, avidement et sans retenue, tombe donc follement et irrémédiablement amoureuse d’un jeune ultra-rouge instable, biberonné à l’anarchisme le plus nihiliste, révolté contre tous. «Elle s’enferme dans toutes les ouvertures».

L’époque s’y prête avec sa sortie de l’histoire et ses chutes des murs rapidement suivis par l’enflamment du moyen Orient, la Guerre du Golfe, le chômage en France, l’impéritie de la gauche, les menées cavalières de la Droite. C’est le temps du CIP… «Les années 90 : l’antichambre de la mollesse». On comprend ces poussées de révoltes chez des esprits abasourdis par le silence généralisé devant les maux du temps ; on repense à l’effarement d’un Vallès devant le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte et l’on comprend que chaque époque à ses coups de mou et ses héros solitaires et vainement incendiaires, cherchant dans la refonte du monde les réponses à leurs propres fêlures…

Dans le ton, David Foenkinos semble offrir ce regard désabusé, sinon cynique, sur ces faiseurs d’actualité. Joliment écrit, abusant peut-être des jeux de mots et des oxymores (les pantins de la porte Pantin…), le roman se lit vite, très vite, et bien.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 19/07/2012 )
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