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Pocheset Littérature  

Rendez-vous
de Christine Angot
Gallimard - Folio 2008 /  6,80 €- 44.54  ffr. / 360 pages
ISBN : 978-2-07-034633-2
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en août 2006 (Flammarion).

L’auteur de l’article : Arnaud Genon est docteur en littérature française, diplômé de l’Université de Nottingham Trent (PhD). Professeur de Lettres Modernes, enseignant à Troyes, il est aussi membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS).


Angot au Rendez-vous

Christine Angot, dans son dernier Rendez-vous, revient au sujet Angot, c’est-à-dire au «je», oubliant la troisième personne qu’elle avait explorée dans Les Désaxés (2004).

Comme dans ses autres romans, elle continue à (se) raconter sa vie, à nous la raconter, à l’offrir sur l’autel de la littérature, avec tous les risques que cela comporte : «Ecrire me ferait vraiment tout perdre. C’était comme ça depuis toujours, j’avais espéré qu’avec Eric ce serait différent, ça ne semblait pas l’être.» Car Christine Angot va toujours au bout de ses histoires, qu’elles soient amoureuses ou littéraires, au bout de leur récit, de leur vérité, poursuivant le dévoilement d’elle-même, la mise à nu de ses sentiments, de ses émotions, de son corps, de ceux de ses partenaires. Au bout d’une écriture aussi, toujours singulière, rythmée, théâtrale et gestuelle. Le style d’Angot s’est apaisé, moins tortueux qu’auparavant, mais toujours à fleur de peau, physique, ressassant le dit, pour faire peser chaque mot, pour peser le mot juste, pour qu’il soit compris, par nous et par celle qui l’écrit, pour ne pas les brader en fait, et être au plus près de la vérité.

Cette fois-ci, c’est sa relation avec un comédien – Eric Estenoza – qu’elle relate. Rien n’est jamais simple en amour : la narratrice ne sait pas où elle se situe par rapport à celui qu’elle aime : sont-ils au «même endroit», dans «un rapport amoureux» ou non ? Que cachent les mots qu’il lui dit, comment les interpréter, les comprendre ? De plus, l’écriture est en jeu dans leur relation, dans la mesure où ils sont appelés à faire, dans un théâtre toulousain, la lecture d’un texte qui raconte justement le début de leur aventure, à exposer publiquement leurs difficultés, leurs tâtonnements... à l’image du livre, théâtre de la vie.

Le banquier pervers de qui s’éprend la narratrice au début du roman, le père incestueux, la mère, l’ex-mari, l’ex-amant, la fille Léonore, les amis, le psychanalyste viennent aussi hanter les pages du texte, car le «je» n’est jamais seul, il embarque avec lui tous les proches, ceux que l’on a déjà rencontrés dans L’Inceste (1999), Quitter la ville (2000) ou Pourquoi le Brésil (2002) et que l’on rencontrera sûrement dans la suite de ses aventures, de cette aventure, littéraire avant tout. Car pour Angot, il y va de l’écriture comme de la vie, on l’aura évidemment compris.

Arnaud Genon
( Mis en ligne le 14/04/2008 )
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