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Pocheset Littérature  

Le Livre de Joe
de Jonathan Tropper
10/18 - Domaine étranger 2007 /  8.50 €- 55.68  ffr. / 411 pages
ISBN : 978-2-264-04508-9
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Traduction de Nathalie Peronny.

Au pays des cougars

Joe est un écrivain «bankable», auteur d'un best-seller sur sa ville d'origine, succès de librairie hollywoodisé et manne financière pour un jeune new-yorkais au coeur asséché par l'avalanche des billets verts, et la rupture consommée avec sa communauté d'origine... Jusqu'au jour où la maladie de son père le reconduit au bercail, et à quelques règlements de compte.

Car si 17 ans ont passé, personne n'a oublié, dans cette suburbia perdue en plein Connecticut, la prose vengeresse de l'enfant du pays : observateur relapse de ce provincialisme à l'américaine, Joe dénonçait en effet l'ennui prégnant dans sa ville, Bush Falls, le diktat des convenances, l'étroitesse d'esprit toute villageoise, incarnée dans l'omphalos de la socialisation locale : les Cougars, l'équipe de Basket, rois des paniers réussis, mais cons manifestes, et passablement homophobes. Car tout part d'une histoire d'amour entre deux amis de Joe, Sammy et Wayne. Sammy est homosexuel notoire, Wayne est meneur de l'équipe sportive, un rien refoulé. Ils s'aiment discrètement, jusqu'à ce que l'affaire soit dévoilée, provoquant la mort de Sammy et la fuite de Wayne...

Joe retrouve ce dernier, émacié et affaibli par le VIH, ainsi que quelques figures du passé : son frère Brad, Cougar comme leur père, Dugan, indétronable entraîneur, Sean, grosse brute définitivement refoulée, mais aussi Lucy, bombe sexuelle et mère de Sammy, et Carly, l'amour d'adolescence dont il ne s'est jamais vraiment remis. Le séjour à Bush Falls permet les retrouvailles de l'homme avec sa terre et des souvenirs à la pelle, qu'il avait plus ou moins enfouis dans une reconstruction autobiograpique : «J'ai passé tant de temps à reconstituer et à réécrire ces années que je ne parviens plus à distinguer le vrai du faux. Aveuglé par ma colère, bille en tête, j'ai réussi à bousiller une partie vitale de ma mémoire.» (p.236) Les exemplaires de son romans volent, tout comme les insultes vicinales, le père meurt, un lien se tisse avec le neveu, Jared, un amour se refait avec la belle Carly, sous le grondement des chutes qui ont donné son nom à la ville, rendez-vous des amoureux et des intrépides suicidaires...

Jonathan Tropper nous porte le temps de ces 400 pages, chronique cynique, tendre et amusée d'une Amérique plutôt profonde, enfermée dans ses us et coutumes. Ce parcours d'un rat des champs devenu roi à Manhattan et retrouvant au giron familial l'occasion de plusieurs rédemptions, sur fond de nostalgie des années lycée, convainc et emporte. On devine l'adaptation cniématographique. Et en attendant, on se plongera dans Tout peut arriver, nouveau roman de l'auteur à sortir en France (Fleuve Noir) et brassant les mêmes thèmes.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 04/04/2007 )
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