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Pocheset Littérature  

La Vie aux aguets
de William Boyd
Seuil - Points 2008 /  7,50 €- 49.13  ffr. / 396 pages
ISBN : 978-2-7578-0710-1
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Traduction de Christian Besse.

Première publication française en février 2007 (Seuil)


Ma mère, cette espionne

Ruth, la trentaine, professeur d'anglais à Oxford auprès d'étrangers, dans l'attente que se termine sa thèse, coule une vie tranquille, à la limite de l'ennui, avec son fils Jochen. Jusqu'au jour où sa mère, Sally, lui apprend qu'elle fut espionne pour l'Angleterre durant la Seconde Guerre Mondiale... et que son vrai nom est Eva Delectorskaya ! D'abord incrédule, Ruth finit par céder à l'évidence ; le récit est trop détaillé : sa mère, gentille grand-mère un peu parano certes, dans son cottage so british, fut une Mata Hari haute en couleurs, recrutée après la mort de son frère par un certain Lucas Romer, et engagée aussitôt dans les missions britanniques devant amener les États-Unis à prendre part au conflit saignant l'Europe. Pas moins !

La Vie aux aguets alterne ainsi les chapitres rapportant les aventures d'Eva entre 1939 et 1941, des meetings de l'Action française à Paris, aux routes poussiéreuses du Mexique, et ceux, plus contemporains (le «présent» ici en question se situe en 1976, en pleine agitation rouge en Europe), centrés sur sa fille et la découverte de ce passé trouble. Aucun temps mort le long de ces 300 pages : William Boyd tisse une intrigue prenante et efficace, sur fond historique insoupçonné, celui des menées anglaises pour convaincre l'Oncle Sam de rejoindre les Alliés dans la lutte contre l'Allemagne nazie. Midi moins le quart avant Pearl Harbour donc. Meurtre à coups de crayon affuté, cavale à travers l'Amérique du Nord, ambiances feutrées des clubs londoniens, agit-prop sur le campus oxonien. De l'amour ! Du suspense ! Un roman qui se lira d'une traite, presque trop vite.

On s'attache surtout aux deux protagonistes, fortes femmes chacune dans son temps. Eva apprend la méfiance, à déjouer tous les pièges et orchestre magistralement sa propre disparition. Pourquoi ? Rien n'est si simple quand on est espionne... et le temps n'efface rien non plus, liant ici, au fil des pages, l'hier à l'aujourd'hui. Surtout, quels sont les tenants de la relation qui semble l'avoir liée à vie avec son mentor, le mystérieux Lucas Romer ?... Ruth, elle, avance, un peu penaude, dans l'exploration de ce passé insoupçonné, jusqu'à devenir une pièce maîtresse dans le plan échafaudé par sa mère.

Un vrai et grand divertissement littéraire.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 15/03/2008 )
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