L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

J'y suis presque
de Nuala O'Faolain
10/18 - Domaine étranger 2007 /  7.30 €- 47.82  ffr. / 251 pages
ISBN : 978-2-264-04323-8
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Traduction de Stéphane Camille.

Apprentissage de la sérénité

Après le succès de On s’est déjà vu quelque part et de Chimères (suivi de L’Histoire de Chicago May), Nuala O’Faolain poursuit son autobiographie, en la reprenant après le succès de ses livres qui, brusquement, lui ont permis de ne plus avoir de souci d’argent et d’être célèbre dans son pays. Célébrité tardive et qui survient alors que sa vie personnelle relève depuis déjà longtemps du désastre : son amie Nell l’a quittée, sa jeunesse aussi, et elle ne sort que difficilement de son désarroi. En fait la renaissance est à l’œuvre mais elle ne le mesure pas encore. Entre Irlande et Amérique, sauvée par l’écriture, acceptant son âge, la cinquantaine dépassée, acceptant les rapports familiaux et les souvenirs douloureux de son enfance, elle écrit et acquiert la sérénité.

On s’est déjà vu quelque part était surtout l’histoire de ses années de jeunesse, ici c’est le temps de la maturité. Apprendre à vivre avec des souvenirs apaisés, en profitant des détails de la vie quotidienne, des plaisirs minuscules… sans complaisance sur soi-même. Trouver une nouvelle relation aux Etats-Unis, mais répondre à la question obsédante «Peut-on vouloir aimer, avoir besoin d’aimer et néanmoins échouer ?» (p.207). Apprendre avec le souvenir de parents trop aimés, dont on considère qu’ils vous ont mal aimé, retrouver sa fratrie, frères et sœurs (c’est à l’une d’entre elles, Deirdre , que le livre est dédié), découvrir qu’on ne peut jamais véritablement rompre avec ses racines familiales, ni par l’amertume, ni par le pardon, et qu’il faut donc vivre avec. Irlandaise de plein pied avec New York, elle suit les traces des milliers d’exilés des siècles précédents, restant passionnément d’Irlande malgré tout. Mais là où, dans On s’est déjà vu quelque part, Londres était une ville étrangère, New York est ici familière, même dans la solitude.

Nuala O’Faolain nous parle d’elle, inlassablement, mais à travers elle, c’est aussi une génération que nous retrouvons, assagie, s’efforçant coûte que coûte d’atteindre la sérénité, dans sa vie, dans les rapports à l’autre, à la société, à la nature. Un texte bref, ironique et drôle à la fois, souvent émouvant.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 30/05/2007 )
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