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Pocheset Littérature  

Et ce sont les chats qui tombèrent
de Tom Mccarthy
J'ai lu - Par ailleurs 2009 /  7 €- 45.85  ffr. / 342 pages
ISBN : 978-2-290-01384-7
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 2007 (Hachette Littératures).

Trou de mémoire

Après plusieurs mois d’hospitalisation et de rééducation, le héros perçoit une somme rondelette de huit millions de livres. En contrepartie, il signe un arrangement lui interdisant de ne jamais divulguer la moindre information sur son accident. De toute manière, il ne se souvient de rien, seules quelques bribes reviennent de manière éparse, des sensations ici et là, mais cet accident n’est qu’un point noir. Il voit son avenir avec allégresse, s’interrogeant de quelle manière il va gérer une telle fortune.

Durant une soirée, il découvre dans la salle de bains une lézarde au plafond, une lézarde banale, mais qui fait ressurgir en lui un souvenir. Il se souvient d’un appartement où il a vécu, avec cette même lézarde. Peu à peu, les murs se dessinent, l’emplacement des meubles, les voisins, les bruits, les sensations et les odeurs se matérialisent dans sa mémoire. Les détails affluent, «du foie cuisait à l’étage – l’ odeur, le crépitement et le grésillement - et puis deux étages plus bas, un homme qui vivait-là - un musicien qui jouait du piano, une cage d’escalier forgé et du marbre usé, une salle de bains avec une lézarde. Des chats noirs se promènent sur le toit voisin.»

«J’allais recréer l’immeuble : le reconstruire et vivre dedans.» Enthousiasmé par cette idée, il constitue toute une équipe, chapeautée par Naz. Après l’achat d’un immeuble à Brixton, il reconstitue avec minutie tous les détails : des fenêtres de telle grandeur, un marbre vieilli, des tuiles d’une couleur particulière. Ils embauchent aussi des figurants pour jouer le rôle des voisins : une vieille dame qui doit faire cuire à longueur de temps du foie, un trentenaire dégarni doit jouer du piano en faisant des erreurs et recommencer inlassablement et un homme doit réparer continuellement sa moto dans la cour.

Tel un mentor, il régit ce petit monde artificiel. Enivré par ce nouveau pouvoir, lui l’amnésique, il se crée une vie à sa mesure, selon ses désirs. Mais en quittant le monde réel, le héros se perd dans un labyrinthe obsessionnel, tout comme l’auteur. L’histoire se délite, partant dans tous les sens, alors que le début du récit avait une intensité et une volonté remarquables. Un acte manqué ou une résignation, peu importe, Et ce sont les chats qui tombèrent laissera un sentiment de frustration.

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 01/05/2009 )
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