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Pocheset Littérature  

Les Voix de l'asphalte
de Philip K. Dick
10/18 - Domaine étranger 2009 /  8,60 €- 56.33  ffr. / 480 pages
ISBN : 978-2-264-04838-7
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en octobre 2007 (Le Cherche Midi - Néo).

Traduction de Nicolas Richard.


Visionnaire

Oakland, Californie. La vie de Stuart Hadley ressemble à tant d’autres, une épouse, un boulot de vendeur de télévision, un petit chez-soi. Pourtant, il en crève de cette banalité, de cet apparent contentement. Il traîne des nuits durant de bar en bar, rentrant parfois les poings ensanglantés. Se bagarrer, juste un moyen pour enlever cette rage inextinguible. «Il errait, sans but, à la dérive, passait ici et là, au hasard. Sans objectif. Sauvé par accident, condamné par d’autres accidents. Dans un monde dépourvu de signification.»

Est-ce le prix de l’existence, être une simple fourmi au milieu de ce grand tout consumériste ? Dégoût, désœuvrement, lassitude, impatience, autant de sentiments qui égrènent des journées qui se ressemblent toutes. Sa femme Ellen «s’était mise à végéter, elle était devenue une machine à engendrer et non plus une personne. Engraissée comme n’importe quelle prostituée entretenue, drapée avec satisfaction dans sa respectabilité.»

Il croit trouver une réponse à son esseulement en la personne de Theodore Beckheim, leader de la Société des Gardiens de Jésus, une secte qui promet l’Apocalypse prochaine. Ses prédications subjuguent Stuart qui voit en cet homme un visionnaire qui a su comprendre le non-sens de cette cacophonie sociétale. Se détacher de cette humanité, trouver une alternative à cette vie toute tracée, Stuart rentre dans une spirale, reniant sa famille, ses amis et ce travail insupportable.

Écrit en 1953, Les Voix de l’asphalte reste d’une étonnante modernité. Philipp K. Dick dépeint une société en perdition, où l’individu est annihilé. Errance, existentialisme, solitude humaine, autant de thématiques servies par une écriture sans concession. Car Philipp K. Dick n’épargne pas son personnage, il le regarde sans complaisance, toujours avec cynisme, mordant. Les Voix de l’asphalte a les accents de la littérature désabusée d’un John Fante ou d’un Hubert Selby Jr., une littérature coupée au couteau, une littérature essentielle.

Catherine Martinez-Scherrer
( Mis en ligne le 20/03/2009 )
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