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Pocheset Littérature  

Le Boulevard périphérique
de Henry Bauchau
Actes Sud - Babel 2009 /  7.50 €- 49.13  ffr. / 257 pages
ISBN : 978-2-7427-8493-6
FORMAT : 11cm x 17,6cm

Première publication en janvier 2008 (Actes Sud - Domaine français).

Le temps s'en va, et roule...

Un auteur qui fuit les tintamarres, une oeuvre ample, patiemment nourrie, mais discrète... autant que belle, dont voici l'un des derniers fruits. Le Boulevard périphérique, un bijou littéraire, par un orfèvre à qui manque un -grand- public.

Variations sur la mort : celle de Paule, belle-fille du narrateur, femme trop tôt en fin de vie. Il lui rend visite quotidiennement dans sa chambre d'hôpital, parcourant ce boulevard éponyme, synecdoque de quoi ? Du temps qui roule et de ses nombreux cycles ? De ses répétitions ? De l'encombrement (tous ces êtres avançant dans une même direction, inexorable...) ? Car une mort imminente renvoie à une autre, consommée mais demeurée mystérieuse, celle de Stéphane, l'ami des jeunes années, avec qui il apprit à escalader, vaincre la peur du vide, le vertige.

Une amitié aux contours de fraternité virile, aux senteurs homo-érotiques plus ou moins palpables, jamais dites. Stéphane est un faucon, oiseau libre défiant la pesanteur et d'autres gravités. Nous sommes dans les années quarante et un autre poids soumet les êtres, pression à laquelle Stéphane, en rejoignant l'armée des ombres, entend s'opposer. Résistant, il agace les SS mais finit sous leur couperet, notamment celui d'un colonel au nom signant une vocation : Shadow. Là aussi, entre le prisonnier et le tortionnaire, une relation étrange s'installe, que le narrateur découvre peu à peu en affrontant, des années plus tard, dans l'ombre d'une prison, le colonel vaincu et vieilli... La mort de Paule approche au rythme de la vérité sur celle de Stéphane, et notre homme va et vient le long de son boulevard périphérique. «Stéphane et Paule sont encore vivants dans mon sommeil. Je voudrais faire l'économie de toutes les morts que j'ai vécues, de celles que je devrais vivre encore. Je ne peux pas, je suis dans ce temps, dans ce monde, il n'y en a pas d'autre».

Un roman sublime, pour son rythme, son style pudique et cisaillé, et ses mots éclairés par une simple pénombre, lumière brunie par le temps qui passe et ce combat jamais tranché en chacun de nous, entre le bien et le mal, entre la vie, la maladie et la mort.

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 14/09/2009 )
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