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Pocheset Littérature  

La Femme qui lisait trop
de Bahiyyih Nakhjavani
Actes Sud - Babel 2016 /  9,80 €- 64.19  ffr. / 409 pages
ISBN : 978-2-330-07037-3
FORMAT : 11cm x 17,6cm

Première publication française en octobre 2007 (Actes Sud)

Christine Le Boeuf (Traduction)


Le voile est levé

Dans La Femme qui lisait trop, Bahiyyih Nakhjavani campe la vision d’un Moyen-Orient, au 19ème siècle, miné par les luttes politiques et religieuses. L’intrigue se déroule à la cour du Shah (Téhéran) où s’entremêlent complots et tentatives d’assassinats. Ce Royaume de Perse va bientôt se trouver ébranlé par l’irruption d’une femme, la poétesse de Qazvîn qui n’est autre que la figure historique de Tahirih Qurratu’l-Ayn auquel l’auteur rend hommage.

Par sa capacité de voir au-delà de la réalité et de décrypter les signes du monde, cette femme va déchaîner les passions. Encensée par certains, conspuée par d’autres pour avoir refusé de porter le voile, elle est accusée de provoquer les crises qu’elle annonce et de tramer les catastrophes contre lesquelles elle met en garde. Tantôt considérée comme prophétesse, tantôt qualifiée d’hérétique, la poétesse bouscule l’ordre établi. Arrêtée puis confiée à la garde du maire, la prisonnière n’aura de cesse, jusqu’à son dernier souffle, de poursuivre sa quête de justice, de vérité et d’amour avec comme seule arme, la poésie.

L’écriture, d’une grande puissance subversive et incantatoire, prend d’ailleurs en charge le désir que le récit, par un déplacement, tente de dire au travers d’images poétiques et métaphoriques. Parce qu’elle atteint une réalité supérieure, celle de la vraie connaissance et qu’elle accède aux mystères de l’Être, la poétesse de Qazvîn lève le voile - objet symbolique de manipulation et d’oppression - et ouvre la voie de la liberté à toutes les femmes, qu’elles soient mères, épouses, sœurs ou bien filles comme le révèle la structure même du roman. En leur enseignant la lecture et l’écriture, elle les encourage à penser, à réfléchir et à prendre ainsi possession d’elles-mêmes.

Visionnaire ou idéaliste, femme sacrifiée ou fanatique d’une cause perdue, la poétesse n’en reste pas moins une figure profondément moderne, qui fait de ce livre un hymne à la liberté.

Sarah Guarischi
( Mis en ligne le 19/10/2016 )
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