L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

La Route
de Cormac McCarthy
Seuil - Points 2021 /  7,20 €- 47.16  ffr. / 251 pages
ISBN : 978-2-7578-8496-6
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en janvier 2008 (L'Olivier).

No-Man's-Land

Mc Carthy n'a pas volé son Pulitzer. La Route est un vrai chef-d'oeuvre...

L'histoire en est simple, de cette simplicité à laquelle on doit Des Souris et des Hommes ou Le Vieil homme et la mer ; une pureté plutôt, sincérité totale dans le fond comme la forme, d'où peuvent naître des récits percutants, édifiants sinon bouleversants... L'histoire d'un homme et de son enfant, son fils, errant dans un monde dévasté, post-apocalyptique, une ruine à l'échelle d'une planète, consumée par des tempêtes de feu : des villes pulvérisées où s'ébaubissent, saisis pour l'éternité, des cadavres pris dans l'instant de la catastrophe ; une terre pompéienne, d'après la chute, où le soleil n'est plus que ce halo pale perçant péniblement à travers la grisaille endémique, où l'eau est boue et la terre, cendres : «Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer».

Avec la vie, la civilisation s'est retirée : les quelques survivants sont ou bien hordes barbares engagées dans une impitoyable lutte pour la survie, où ces êtres irrémédiablement clochardisés, marchant sur les routes, en quête de nourriture, d'eau, d'horizon. L'homme appelle ces quelques individus non programmés pour tuer, les «gentils» : c'est son legs à son fils, apparemment né dans cet autre monde, être paradoxalement pur, incroyablement bon comme doit l'être l'enfance. Dans leur pérégrination, il est la voix de la conscience, cette lueur d'espoir ; pour son père, il porte en lui le Feu, un feu bon contre celui «qui a fait du monde un mensonge, un mensonge de chaque mot».

L'odyssée est étrange, mais prenante, mais angoissante. On suit, à quelques pas d'eux, l'homme et son enfant, sur la route, chemin dont la destination nous échappe. Où aller quand le temps et l'espace n'ont plus aucun sens ? «C'est long jamais»... Et un plaisir ambigu, morbide et apeuré, devant le spectacle terriblement suggestif d'une humanité sacrifiée...

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 22/01/2021 )
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