L'actualité du livre
Pocheset Littérature  

La Pelouse de camomille
de Mary Wesley
J'ai lu 2009 /  6.70 €- 43.89  ffr. / 382 pages
ISBN : 978-2-290-01662-6
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication française en juin 2008 (Ed. Héloïse d'Ormesson).

Traduction de Samuel Sfez.


Une étrange smala

L'histoire d'une famille aux liens distendus, de fait parce qu'ils sont cousins, oncles ou tantes, mais aussi parce qu'un certain cynisme les habite, une froideur parcourant un demi-siècle. Car si l'essentiel du récit tient place dans les premiers temps de la Seconde Guerre mondiale, en Angleterre, entre Londres et les Cornouailles, il se prolonge aussi, dans un va-et-vient, jusqu'à nos jours, à l'occasion de l'enterrement de l'un des membres de cette étrange smala.

Ils s'appellent Helena et Richard, l'oncle et la tante ; Monika et Max, couple juif-allemand pris dans un adultérin chassé-croisé avec les deux premiers, et dans l'attente de nouvelles de Pauli, leur fils retenu là-bas, dans les camps... Helena, ne supportant pas vraiment Richard, qu'elle n'a épousé que par compassion pour sa jambe de bois, héritage de la Grande Guerre, part s'amuser à Londres au bras de Max, violoniste de plus en plus renommé. Monika la remplace dans le cottage des Cornouailles, où elle entretient la maison en fée du logis... et Richard aussi ! C'est d'ailleurs Max que l'on enterre 50 ans plus tard...

La génération suivante est composée des cousins et cousines, avec deux divas, mangeuses d'hommes aux menées machiavéliques, comme peuvent l'être celles d'Helena : Calypso, superficielle et nymphomane, n'épouse le riche Hector que pour son argent en échange d'un héritier. Poly papillonne aussi, un peu moins belle que sa cousine, mais tout de même fort séduisante ; elle tombera enceinte des deux jumeaux, Paul et David, sans jamais savoir qui des deux est le père biologique de son enfant!... Walter, frère de Poly, finira tôt fauché par la guerre. Oliver, autre cousin, sera toujours l'objet de l'affection de la cadette, Sophy, encore enfant quand débute le récit...

On peine d'abord à se familiariser avec tant de personnages. Et puis, au fil du récit, alors que la guerre avance, les individualités se dessinent et s'affinent. Tout commence par un jeu sur la pelouse éponyme, "madeleine" d'un temps bientôt révolu. Un jeu durant lequel Sophy subit un traumatisme que les années n'évacueront pas...

Le lecteur suit ces allers-retours dans le temps, et l'espace, entre Londres et la campagne anglaise, au fil d'historiettes tenues par des dialogues nombreux (tout cela est très théâtral au final), où perce un humour cynique sinon noir, typiquement Anglais, dira-t-on pour aller vite. Mais on regrette qu'il manque quand même un peu de structure à cet ensemble et de psychologie aux personnages. S'ils restent soudés au fil des ans, on peine à comprendre leur attachement tant ils ne semblent tous conduits que par leurs intérêts égoïstes. Une version littéraire de la «Main invisible» chère à Adam Smith ?...

Bruno Portesi
( Mis en ligne le 10/07/2009 )
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