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Pocheset Littérature  

Best love Rosie
de Nuala O'Faolain
Le Livre de Poche 2020 /  8.70 €- 56.99  ffr. / 528 pages
ISBN : 978-2-253-93434-9
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2008 (Sabine Wespieser)

Mother Ireland

Célibataire endurcie, à la vie remplie, après avoir bourlingué autour du monde, Rosie revient à la cinquantaine passée chez elle à Kilbride vivre avec sa tante Min qui l'a élevée ; elle est à présent âgée, dépressive et alcoolique. Rosie replonge dans le milieu de son enfance avec des sentiments mêlés ; elle retrouve les amis qui sont restés dans la tranquille bourgade irlandaise : Peg et Tess, Andy et Monty, tous les quatre demeurés célibataires comme elle. Rien ne semble avoir changé ou si peu de choses. Le catholicisme reste étouffant du moins pour la génération de leurs parents. Tout semble petit, étroit. Aussi l'invitation à venir aux États-Unis, lancée par un de ses amis, Markey, dont elle était amoureuse à l'adolescence, est-elle bienvenue. Il s'agit de rencontrer des éditeurs afin d'écrire un guide de conseils pour mieux apprécier la vie, l'âge qui vient, etc.

Mais rien ne se passera comme attendu : Markey vit avec un ami, les éditeurs ne veulent pas entendre parler de réalisme dans le texte, mais uniquement de pensées positives. Le livre n'est pour eux qu'un produit commercial, et en fin de compte, Rosie finira par écrire des textes imprimés sur les torchons vendus aux touristes... Enfin, malgré ses soixante-dix ans, Min va choisir de changer totalement de vie et s'installer en Amérique, bravant les lois de l'immigration. C'est Rosie qui repart en Irlande, et qui, face à la vitalité étonnante de sa tante, se découvre, elle, vieillie, désarmée, seule à l'aube de la vieillesse qu'elle appréhende.

En fait, tout bascule avec la découverte inattendue de la maison où la mère et la tante de Rosie ont passé leur enfance, au bout de la terre, au bord de la mer, perdue entre ciel et eaux, quasiment inaccessible. Une maison dont Min ne lui avait jamais parlé, pas plus que ne l'avait évoquée avec elle son père ; et elle, la bourlingueuse, va s'attacher passionnément à ce coin de côte irlandaise. Elle y retrouve ses racines, et réapprend à regarder le monde. L'histoire finira plutôt bien, dans un ton doux amer, qui convient aux couleurs du temps irlandais.

Nuala O'Faolain est morte en mai 2008 à 68 ans, ce qui donne aussi à ce roman (aujourd'hui en format poche) qui est réflexion sur la vie, la vieillesse, les liens noués, les bilans, une résonance particulière. Nuala O'Faolain, dans ses romans, n'est jamais très loin de sa vie, et en se souvenant de ses récits autobiographiques, on la retrouve volontiers dans le personnage de Rosie, d'autant que l'histoire est écrite à la première personne. On y retrouve tous les thèmes qui lui sont chers : la beauté de l'Irlande, la condition féminine, la nostalgie de l'Amérique, le vieillissement. Les personnages féminins s'imposent : Min et Rosie, deux figures différentes de la femme, deux générations ; Min qui a sacrifié sa vie, semble-t'il, à l'éducation de sa nièce, Rosie qui a couru le monde, écrit, vécu son indépendance. Les hommes sont davantage des silhouettes du décor, qu'il s'agisse des Irlandais, le gentil Andy, le fade Monty, l'énigmatique Markey, ou de Léo, qui vient s'installer dans la maison désertée de Min.

Dans les romans de Nuala O'Faolain, et donc ici encore, on aime se promener dans un récit qui va et vient, du présent au passé, de l'Irlande au reste du monde. Ce n'est d'ailleurs pas probablement le meilleur de ses livres, un peu convenu ; cependant, de lecture aisée, on passe un moment agréable à écouter cette petite musique légèrement mélancolique.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 11/05/2020 )
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