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Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier
de Patrick Rambaud
Le Livre de Poche 2010 /  5,50 €- 36.03  ffr. / 151 pages
ISBN : 978-2-253-13313-1
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en janvier 2009 (Grasset)

Vers la Bérézina ?

Laurent Joffrin, de Libération, dénonça, non sans aplomb, lors d’une conférence de presse élyséenne, la discrète instauration d’une monarchie républicaine, s’attirant alors la vindicte du président de la République. Si l’accusation semblait quelque peu hâtive (mais la carrière politique de Jean Sarkozy à Neuilly et dans les Hauts-de-Seine ressemble un peu à celle du dauphin dans la Normandie d’ancien régime ; quant au fonctionnement du gouvernement et de l’Elysée, là, de fait, on dirait Versailles), elle a en tous les cas entraîné une jolie polémique… et donné à quelques rieurs une idée. Car si l’Elysée est un palais, et le gouvernement une cour (avec ses intimes – le G7 – et ses disgraciés – les autres), il manquait un Saint-Simon pour en croquer lestement les cabales et complots. Avec ce deuxième tome de la Chronique du règne de Nicolas Ier, Patrick Rambaud, auteur sérieux (prix Goncourt, académicien Goncourt, veste en velours côtelé et barbe marxienne…) ou pas (Virginie Q, le Roland Barthes sans peine…) revient à ses premières amours : la parodie jubilante…

Parodions, parodions donc, il en restera toujours quelque chose… et donc le gars Rambaud nous lâchait l'an dernier son deuxième journal (aujourd'hui en format poche). Point de roi ici mais un empereur à la titulature aussi variée que fleurie, remonté comme une Rolex, au phrasé rien moins qu’aristocratique, et sa cour… du premier cercle aux dernier des courtisans : le chevalier de Guaino – qui puiserait toute sa science dans la lecture de Tintin –, la comtesse Bruni - l’impavidité faite femme -, le comte d’Orsay – obséquieux comme un tapis persan -, la princesse Rama, le général baron De Vedjian, la baronne d’Ati, le duc de Sablé et celui de Bordeaux… Et comme le chroniqueur est consciencieux, il évoque également l’opposition au souverain, à commencer par M. De La Noé (mais de Ségolène Royal, point : avait-elle seulement besoin d’être caricaturée ?).

Sortons de la galerie de portraits – à charge, forcément – pour s’engouffrer dans la chronique de l’année 2008 (du semestre plutôt) : l’auteur passe en revue, au crible d’une plume allègre, quelques faits connus, qu’il sait agrémenter de rumeurs et révélations diverses glanées dans la bonne société parisienne (Paris et la cour : il y a toujours un pouvoir de trop). Depuis la mise en scène de l’idylle présidentielle jusqu’aux affaires de la présidence européenne, en passant par la visite de Mouamar le Cruel, et la cabale des poupées vaudou (une affaire qui, en passant, ne soulèverait pas tripette aux USA…), c’est une chronique non pas exhaustive, mais assez plaisante, écrite d’une plume leste.

Comme le filon est riche, cela peut durer encore longtemps mais le genre s’épuise vite et le format, court, est ici heureux. Pas de Pléiade en perspective donc. Reste la caricature : elle a perdu Louis XVI et Marie Antoinette, et fait entrer Louis Philippe dans l’histoire sous la forme d’une poire… Celle-ci est moins dangereuse et offre au lecteur un petit défouloir, avant d’affronter la rigueur des réformes hivernales... La lecture du jour en somme. Ah ça ira, ça ira, ça ira !

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 08/02/2010 )
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