L'actualité du livre
Pocheset Essais & documents  

C’est une chose étrange à la fin que le monde
de Jean d\' Ormesson
Pocket 2011 /  7 €- 45.85  ffr. / 282 pages
ISBN : 978-2-266-21556-5
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 2010 (Robert Laffont)

Je doute en Dieu…

Comment parler de Jean D’Ormesson et de son livre C’est une chose étrange à la fin que le monde ? L’auteur ? Modeste, farceur, érudit certainement, maniant l’humour plus que l’ironie, humaniste revendiqué et assumé quand il aborde tour à tour les rivages de la philosophie, de l’astronomie, de la cosmogonie, puis de la religion et de la poésie. Le livre ? Défini d’un clin d’œil de l’auteur comme un «roman», car ce dernier refuse le statut «d’essai», mais assurément aussi riche de réflexions en profondeur que beaucoup de titres se réclamant du nom «d’essai» justement.

Jean d’Ormesson nous balade, et c’est un guide plaisant. Sur les rives de l’infiniment grand, où l’auteur s’interroge longuement sur la création du monde et ses différentes théories, nous avons comme compagnons de voyage rien moins que Ptolémée, Galilée, Copernic, Newton, Einstein et Hawking. Nous changeons ensuite de compartiment, pour aborder des problèmes philosophiques en devisant avec Pascal, Nietzsche, Saint-Augustin, Spinoza, Montaigne chez qui la conversation s’oriente sur des problèmes existentiels tels que la mort, le temps qui passe, l’existence de Dieu, et d’un hypothétique au-delà. La littérature n’est pas absente, et nous rejoignons Châteaubriant, Balzac, Corneille, Aragon, pour tirer une leçon en forme de poèmes de toutes ces questions.

Livre aux multiples facettes, C’est une chose… n’est pas un fourre-tout où l’auteur a voulu faire étalage de son érudition en passant sans transition d’un domaine à l’autre. Non, on se laisse porter par la pensée si claire et lumineuse de l’auteur, qui nous accompagne en nous aidant à réfléchir aux questions existentielles que tout le monde se pose.

Et même si de temps en temps on surprend chez Jean d’Ormesson la tentation pleine d’humour de faire un peu «étalage de sa science», cette science est si maîtrisée qu’on lui pardonne rapidement. Et quoi de plus merveilleux que de fermer un livre en se disant que l’auteur, si érudit soit-il, se pose les mêmes questions que nous, sans y apporter formellement de réponse autre que «… le merveilleux chemin du doute…»

«Je ne sais pas si Dieu existe mais, depuis toujours, je l’espère avec force. Parce qu’il faudrait qu’existe tout de même ailleurs quelque chose qui ressemble d’un peu plus près que chez nous à une justice et à une vérité que nous ne cessons de rechercher, que nous devons poursuivre et que nous n’atteindrons jamais…»
. Plus loin: «Si je croyais à quelque chose, ce serait plutôt à Dieu – s’il existe. Existe-t-il ? Je n’en sais rien. J’aimerais y croire. Souvent, j’en doute. Je doute de Dieu parce que j’y crois. Je crois à Dieu parce que j’en doute. Je doute en Dieu».

Michel Pierre
( Mis en ligne le 21/10/2011 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)