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Pocheset Policier & suspense  

La Forêt des Mânes
de Jean-Christophe Grangé
Le Livre de Poche 2011 /  8.50 €- 55.68  ffr. / 628 pages
ISBN : 978-2-253-15848-6
FORMAT : 11cm x 18 cm

Première publication en septembre 2009 (Albin Michel)

Psycho-gore

Les Mânes représentaient dans l’Antiquité les âmes séparées des corps : toute l’essence du livre est contenue dans cette idée. La dualité de l’être, la mort, la vie de l’âme. Mais ce n’est pas pour autant un livre religieux au sens actuel du terme ; s’il y a religion, elle se situe dans le domaine des croyances anciennes, de celles qui ont forgé les superstitions les plus fortes et les styles de vie les plus incompréhensibles à nos yeux.

Le point de départ est une série de meurtres et la suite est la recherche du meurtrier, comme dans tout roman policier, sauf que Jean-Christophe Grangé tisse en même temps une trame faite de fils de paléontologie, d’anthropologie, de cytogénétique, de psychanalyse. Le ton est donné : l’histoire nous emmènera dans des temps et des lieux lointains. La politique est également très présente puisque le départ du dérapage est une guerre pas si lointaine (dans les années 70 en Argentine) dont on a encore bien des souvenirs.

Et tous ces sujets, certains étant ardus, ne sont pas effleurés, loin de là. L’auteur fait preuve d’une véritable connaissance pointue, quel que soit le domaine qu’il aborde, y compris celui de la géographie des pays d’Amériques centrale et du Sud. Le résultat est une culture passionnante qui se double d’une autre culture tout aussi prenante sur l’Antiquité.

Le livre est un vrai thriller, il se lit sans interruption, le style aidant : des phrases courtes, d’un seul mot parfois, haletantes ; on dirait un cameraman qui flashe sur des quantités de détails. Le talent pour décrire des atmosphères est réel ; on se déplace avec lui comme si on y était.

L’histoire suit le rythme de cette trame touffue et ses fils sont parfois complexes à démêler, la rapidité des actions et des déplacements rend l’héroïne (Jeanne, une juge d’instruction) quelquefois moins crédible, mais on se laisse happer, par ce rythme justement.

Il existe un genre cinématographique, le genre gore. Peut-on l’appliquer à la littérature ? Si tel est le cas, La Forêt des Mânes est un roman gore, avec tout ce que cela comporte de fascination et de répulsion. La fin est étonnante, imprévisible et, bien qu’outrée, explicable. Elle reste dans les limites et les non-limites de ce qui traverse le livre : la psychiatrie et ses déviances.

Dany Venayre
( Mis en ligne le 25/07/2011 )
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