L'actualité du livre
Pocheset Policier & suspense  

La Constance du jardinier
de John Le Carré
Seuil - Points 2018 /  8.50 €- 55.68  ffr. / 528 pages
ISBN : 978-2-7578-7279-6
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Mimi et Isabelle Perrin (Traduction)

Carte postale de vacances

Tessa Quayle, la "princesse Diana des Africains miséreux", a été violée puis assassinée dans la brousse kenyane. Son chauffeur a eu la tête tranchée, son compagnon de voyage reste introuvable. Qui sont les assassins de celle qui fut à la fois l'épouse d'un diplomate britannique à Nairobi et une combattante exaltée pour les droits de l'Homme ? La question n'intéresse pas grand-monde, en ces contrées où règnent la corruption, la torture et le sida. Elle frise même l'indécence à l'heure du thé, quand les employés d'ambassade descendent des whiskies bien tassés. Pendant qu'on agonise en silence aux portes des quartiers résidentiels.

Justin Quayle est diplomate et jardinier. Tandis que les services du haut-commissariat britannique s'affairent à oublier le décès de sa compagne, il décide de partir en quête de la vérité. Le serviteur discret de Sa Très Gracieuse Majesté va ainsi explorer un monde dont il ignorait tout, celui des multinationales pharmaceutiques.

Avec La Constance du jardinier, John Le Carré nous plonge dans cet univers affolant où une molécule est testée en secret sur des êtres humains vivant au-dessous du seuil de la pauvreté avant d'être commercialisée à grand frais sur le marché occidental. L'Afrique est en proie à la surpopulation, c'est bien connu ; l'Afrique sera donc un champ exploratoire, une paillasse carrelée. On inoculera à des populations ignorantes le Dypraxa, censé guérir de la tuberculose. La molécule miracle n'est pas au point ? Ses effets secondaires sont mortels ? Qu'à cela ne tienne, les cobayes ne manquent pas ! Des médecins contestent, critiquent ? Quelques menaces savamment dosées résoudront les conflits.

C'est ce que va découvrir Justin, tout au long d'un périple en forme de voyage initiatique qui se finira à l'endroit même ou Tessa fut assassinée. Et le jardinier, la conscience désormais claire au bout du chemin, se penchera une dernière fois sur une petite fleur bleue, similaire au phlox qu'il avait planté dans le jardin de sa maison à Nairobi. Il n'aura pas longtemps à attendre, pour que la mort survienne.

Dans sa postface, John Le Carré précise : "À mesure que j'avançais dans mon périple à travers la jungle pharmaceutique, je me suis rendu compte que, au regard de la réalité, mon histoire est aussi anodine qu'une carte postale de vacances." On meurt en Afrique, et pas seulement de vieillesse. Oui mais le Kenya, quel paradis pour la photographie !

Alain Korkos
( Mis en ligne le 16/11/2018 )
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