L'actualité du livre
Pocheset Policier & suspense  

Le Messager du temps
de Ann Dukthas
10/18 - Grands détectives 2005 /  7.80 €- 51.09  ffr. / 285 pages
ISBN : 2-264-03806-3
FORMAT : 11,5 x 17,5

Refaire l'Histoire

Quand un nouvel auteur de roman historico-policier publie aujourd'hui, il a toujours le risque d'être pris pour un pseudonyme de Paul Charles Doherty. Au cours de ces 20 dernières années, ce dernier n'a pas écrit moins d'une quarantaine de romans sous sept noms d'emprunt différents. Un nom par série, un nom par époque. Et toujours un personnage-guide qui nous dévoile au fil d'une intrigue policière la société et le mode de vie de temps révolus.

Mais le personnage de cette série-là est particulier : Nicholas Segalla n'a pas d'âge, et pour cause, le temps sur lui n'a aucune emprise. Comme le juif errant, il parcourt le monde sans véritable but sinon celui d'expier une faute qui n'est pas vraiment révélée au lecteur. Pour ce faire, il veut à chaque fois qu'il le peut rétablir la vérité des faits que trop souvent l'histoire institutionnelle distord.

C'est pourquoi il soumet à Ann Dukthas, «écrivain et chercheur dans le domaine des énigmes criminelles de l'Histoire», qu'il estime - on l'aura compris, Dukthas est un véritable double de l'auteur lui-même -, un manuscrit sur le meurtre de Lord Darnley, époux de Marie Stuart. Le 10 février 1567, lord Darnley est retrouvé mort dans des circonstances énigmatiques. Sa demeure a été entièrement détruite par une explosion mais son corps, retrouvé non loin de là, ne porte aucune contusion. Marie Stuart, reine d'Ecosse et épouse de lord Darnley est immédiatement soupçonnée. Tout porte en effet à croire qu'elle est l'instigatrice du meurtre et qu'elle doit par conséquent quitter le trône. Nicholas Segalla, qui est envoyé auprès de la reine pour assurer sa protection, mène l'enquête sous un nom d'emprunt. Arrivera-t-il à démontrer qu'elle est victime d'un complot ?

La mise en scène des rencontres de l'historienne contemporaine Ann Dukthas et du témoin historique Nicholas Segalla, dans l'introduction et la conclusion du roman, ne sont pas convaincantes : de fait, le roman ne semble véritablement commencer qu'avec le manuscrit de Segalla. A partir de là, dans une atmosphère méticuleusement reconstituée, on retrouve le rythme allant des romans de Doherty. Et si Segalla, témoin oculaire immortel, est un grossier subterfuge, il a le mérite de nous amener à réfléchir sur le travail de l'historien et sur son louvoiement entre fiction et enquêtes.

Rachel Lauthelier-Mourier
( Mis en ligne le 23/01/2006 )
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