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12 Septembre - L'Amérique d'après
de Collectif
Casterman 2011 /  22.50 €- 147.38  ffr. / 208 pages
ISBN : 978-2-203-035171
FORMAT : 20x24 cm

Et après…

Le 11 septembre est devenu une date si connue, si référencée dans l’imaginaire, que l’on a même plus besoin de faire figurer l’année 2001 : tout le monde sait, quasi instinctivement, ce que fut le 11 septembre (il y en a pourtant eu d’autres, tel celui de 1973 et le coup d’état de Pinochet au Chili, mais ce drame ne semble pas faire le poids). Et puis il y eut le 12 septembre, le lendemain, et parfois, en suivant l’actualité, on se demande si certains ont su passer à la suite ou à autre chose, si certains pays ne sont pas condamnés à vivre perpétuellement dans le 12 septembre. La question des lendemains, et d’un avenir à reconstruire, est au cœur de cet ouvrage collectif, qui rassemble quelques belles plumes et beaux pinceaux . Qu’on en juge : Bilal, Russell Banks, Sophia Aram, Miles Hyman, Jerome Charyn, Roger Cohen, Jean-Luc Hees, Jul, Daryl Cagle, Plantu, Muñoz et Sampayo, Joe Sacco, Art Spiegelman, Mattotti, CharlElie Couture, Jacques Ferrier.

La question posée, dix ans après, est simple : que devient l’Amérique ? À cette question, les auteurs répondent par des dessins, un dialogue, une nouvelle. On se demande comment reconstruire et que reconstruire (Jacques Ferrier, qui propose une réflexion illustrée sur l’architecture de mémoire), ce qu’est devenue la compassion universelle, et ce que l’Amérique en a fait, et plus largement, on réfléchit sur l’avenir des libertés publiques au temps du Patriot Act. Chaque auteur s’attaque à une question, pour en tirer un récit, une BD, une réflexion. Et dans le lot, il y a quelques très beaux morceaux : les planches douces amères de Miles Hyman sur Guantanamo et ses suites, celles de Joe Sacco sur l’avenir égotiste des Etats-Unis, le dialogue entre Cagle et Plantu à coup de dessins de presse sur le 11 septembre et ses suites, ou encore les impressions d’Art Spiegelman (qui a naguère livré sa propre vision du drame, A l’Ombre des tours mortes) interviewé et illustré par Mattotti. Dans une correspondance, Jean-Luc Hees et Roger Cohen reviennent sur le/les modèles américains et ce que l’Amérique représente de rêve pour une partie du monde. La couverture, dessinée par Bilal, rend joliment l’impression d’une Amérique où planera encore longtemps l’ombre des tours qui s’abattent. Bref, un album original, qui plaira à tous ceux qui veulent réfléchir différemment sur l’actualité et la mémoire d’un événement. La diversité des auteurs, des réflexions, des supports, fait que tout lecteur, à un moment donné, se reconnaîtra dans un ouvrage à la fois sympathique et critique, qui, sans s’illusionner, rappelle ce que l’Amérique peut incarner. Une commémoration réussie.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 05/09/2011 )
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