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Petit Traité de morphologie
de Agnès Maupré
 22 €- 144.1  ffr. / 176 pages
ISBN : 978-2-7548-0182-9
FORMAT : 19x27,5 cm

D’après les cours donnés par Jean-François Debord à l’école des Beaux-Arts de paris de 1978 à 2003

En corps, en corps

Jean-François Debord aime les corps. Pas ceux des cadavres, qu’on trouve dans les cours d’anatomie, non, les corps vivants des hommes et des femmes, les os saillants dans un geste du quotidien, le doux gras derrière le bras. Il a donc fondé un cours de morphologie aux Beaux-Arts de Paris, et l’a tenu de 1978 à 2003. Pour comprendre et faire comprendre le squelette, ce qui l’anime et ce qui l’enveloppe, avec le dessin en ligne de mire.

Parmi ses élèves, Joann Sfar, et quelques années plus tard Agnès Maupré, qui venait suivre les cours sur le conseil de son aîné. Agnès Maupré, qui profita de la dernière année d’enseignement du maître, et devint de ses amis. Aussi, après une première publication aux éditions Gallimard pour l’adaptation des Contes du chat perché, elle a décidé de restituer son expérience en bande dessinée, en retravaillant sur vidéos, et sous l’œil du professeur.

Voilà, donc, ce Petit traité de morphologie. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, il s’agit bel et bien d’un cours, un traité du corps humain à destination des néophytes que nous sommes. Avec cette originalité de la forme bande dessinée, qui nous restitue en permanence le locuteur et quelques modèles invités. On peut donc de page en page comparer la leçon qui nous est donnée avec son application concrète, dans une réduction symbolique lisible. Jean-François Debord, squelette en main, nous montre ses mollets et son apophyse épineuse. C’est comme un compromis entre le manuel traditionnel et le cours magistral, entre l’écrit et l’oral. On peut comprendre que Debord, après vingt-cinq ans d’enseignement sans publier de livre, ait donné son aval à ce récapitulatif pas comme les autres.
On y apprend beaucoup de choses, et avec légèreté. Le professeur revient sans cesse aux habitudes humaines, aux implications du corps dans la vie quotidienne. Et on découvre ainsi, sans le vivre comme une anecdote, pourquoi les femmes portent les objets sur la tête et les hommes plutôt sur l’épaule, d’où vient l’illusion toute apparente des cous longs et des cous courts, ou l’origine des lignes de la main.

Mais au-delà, c’est le corps tout entier qui est analysé, d’os en os et de muscle en muscle. C’est donc très dense, et on regrette un peu que le Traité n’est pas été découpé en chapitres, ou muni d’un index. Malgré toute la légèreté du ton, on ne le lit certainement pas comme un roman.
Pour l’adaptation en bande dessinée, Maupré se met au service de son professeur. Et mène un discours généralement clair, sans s’embarquer dans des objectifs esthétiques révolutionnaires. Elle soigne peu l’expressivité du visage, hormis dans les pages qui lui sont consacrées. On est bien dans le « traité », tout en efficacité et en démonstration. La vidéo des cours aurait donc pu être utile, pour visualiser la chair avant de passer par le papier. Mais tel quel, ce Petit traité de morphologie reste une façon plus qu’agréable d’aborder le corps humain.
Bourré d’informations intéressantes, et riche d’un regard éclairé, curieux de la vie, pour apprendre à se connaître au moins autant qu’à dessiner.

Clément Lemoine
( Mis en ligne le 02/06/2008 )
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